Procès du double infanticide de Limonest : « On a empêché l’air de rentrer par le nez et la bouche »… Alya et Lyna mortes étouffées, selon les médecins légistes
ASSISES•Jamila El Rhoufi, soupçonnée d’avoir tué ses deux fillettes en juin 2018, est jugée depuis mardi devant les assises du RhôneCaroline Girardon
L'essentiel
- Depuis mardi, les jurés de la cour d’assises du Rhône doivent juger Jamila El Rhoufi, soupçonnée d’avoir tué ses deux petites filles, âgées de 3 et 5 ans, en juin 2018 près de Lyon.
- Au deuxième jour du procès, les experts sont venus à la barre pour évoquer les causes des décès.
- Selon les médecins légistes, les fillettes ont été étouffées avec un objet. L’accusée nie toujours les faits.
A la cour d’assises du Rhône
Dans le box des accusés, elle semble absente. Comme étrangère à ce qu’il se passe. Aucun geste ne trahit son humeur. Jamila El Rhoufi est jugée depuis mardi devant les assises du Rhône pour avoir tué ses deux petites filles, alors âgées de 3 et 5 ans. Le drame s’est noué le 10 juin 2018 dans la caserne de gendarmerie de Limonest, où elle résidait avec son mari et ses enfants. Lui était parti en week-end pour une épreuve sportive. Depuis trois ans, la frêle mère de famille nie catégoriquement, clamant son innocence.
Lyna et Alya ne sont pourtant « pas décédées de cause naturelle ». Tiphaine Guinet et Anne-Sophie Advenier, qui ont autopsié les deux victimes, sont formelles. Les fillettes ne sont pas mortes non plus d’une « intoxication alimentaire » ou d’un « empoisonnement ». Ni même d’une gastro-entérite ou d’une crise d’épilepsie. Au départ, les médecins légistes n’ont pas été en mesure de déterminer avec certitude les causes des décès. Alors, elles ont multiplié les analyses supplémentaires « pour n’écarter aucune hypothèse ». Pour s’assurer qu’elles ne passaient à côté d’aucun indice. Pour « rechercher tout » ce qu’elles « pouvaient rechercher ».
Etouffées avec un oreiller ?
L’« hypothèse la plus probable », assurent-elles avec force : « une mort par asphyxie » après une « suffocation oro-faciale ». « Cela veut dire qu’on a empêché l’air d’entrer par le nez et la bouche, précise la Dre Advenier. Il y a eu une obstruction au niveau du visage, soit par les mains, soit par un objet comme un oreiller ou un drap. » Dans le cas présent, probablement un oreiller, ajoute la médecin, pour laquelle « l’intervention d’une tierce personne » ne fait aucun doute.
« A cet âge, les enfants ne s’étouffent pas dans leur sommeil », argumente-t-elle. Les « lésions traumatiques » (des hématomes) relevées au niveau de la bouche et du nez sur chacune des petites filles ne laissent planer aucun doute. « Elles ne peuvent pas avoir été causées par les réanimateurs du Samu, appuie la Dre Guinet. Une échymose post-mortem, ça n’existe pas. En phase d’agonie, oui mais pas quand la mort est déjà survenue. »
Les enfants ont eu « probablement peu de réactions »
Cheveux noirs tirés en chignon, regard fixé dans le vide, Jamila El Rhoufi est impassible face aux révélations des médecins légistes. La cour s’interroge. Les fillettes auraient-elles pu être tuées alors qu’elles dormaient profondément sans même se débattre ? « Il y a eu probablement peu de réactions. Elles étaient dans leur lit à ce moment-là », avance Anne-Sophie Advenier. « Quand le cerveau est privé d’oxygène, il va se produire des troubles de la conscience qui vont entraîner un arrêt cardiorespiratoire, conclut sa consœur. Chez l’enfant, cela peut être assez rapide. De l’ordre de deux ou trois minutes. »
Le verdict est attendu vendredi.