PROCESSept agents pénitentiaires jugés après la mort d’un détenu

La Rochelle : Sept agents pénitentiaires jugés après la mort d’un détenu

PROCESSamabaly Diabaté, 33 ans, était mort le 9 août 2016 à la maison centrale de Saint-Martin-de-Ré, sur l’île de Ré, après une violente altercation avec des agents pénitentiaires
20 Minutes avec AFP

20 Minutes avec AFP

Le 9 août 2016, Samabaly Diabaté, 33 ans, était décédé à la maison centrale de Saint-Martin-de-Ré (Charente-Maritime) après une violente altercation avec des gardiens. Sept agents ou ex-agents pénitentiaires de l’établissement, situé sur l’île de Ré, comparaissent depuis lundi matin devant le tribunal correctionnel de La Rochelle.

Quatre agents répondent d’homicide involontaire, trois de non-assistance à personne en péril, et de violence volontaire aggravée pour l’un d’eux, même si celui-ci conteste avoir porté un coup de pied à la tête du détenu. Au lendemain des faits, neuf surveillants étaient poursuivis, mais deux d’entre eux se sont suicidés pendant l’instruction, sans qu’un lien avec l’affaire ne soit évoqué.

Le prisonnier se disait « envoûté »

Samabaly Diabaté, condamné en 2012 à treize ans de réclusion criminelle pour viol aggravé, s’était opposé à son transfert vers le quartier disciplinaire de la centrale. Le prisonnier, signalé par le personnel pénitentiaire comme agité et se disant « menacé » et « envoûté », avait mordu un gardien avant d’être bâillonné, menotté et d’avoir les pieds entravés par de l’adhésif. Un ou plusieurs agents l’avaient maintenu face contre terre en faisant pression sur son dos. Son décès avait été constaté à 13 heures.

Les différentes expertises médico-légales effectuées au cours de l’instruction ont conclu que la mort était due à « une asphyxie mécanique multifactorielle », combinant une suffocation oro-faciale provoquée par la serviette-éponge qui a servi de bâillon, une altération de la mécanique respiratoire et une compression thoracique.

La directrice reconnaît des « pratiques pas autorisées »

Lundi matin, auditionnée pendant plus de deux heures, la directrice alors de l’établissement, Sylvie Manaud-Bénazéraf, a admis des erreurs commises, des « pratiques pas autorisées par la réglementation. On a affaire à des agents pris dans un effet tunnel », a-t-elle dit.

« L’intervention s’est révélée difficile, ce qui a amené des agents à prendre certaines décisions, comme d’utiliser une serviette comme bâillon pour éviter les morsures », a-t-elle ajouté, reconnaissant « un déficit dans la chaîne hiérarchique ».