Le Havre : Des dockers du port jugés pour trafic de drogues
PROCES•Certains intermédiaires pouvaient être rémunérés jusqu’à 75.000 euros pour seulement « autoriser » des sorties » de stupéfiants20 Minutes avec AFP
Onze personnes, dont des dockers, seront jugées à partir de lundi à Lille pour leur participation à un vaste réseau de trafic de drogues au port du Havre, dont le démantèlement avait permis de saisir de grandes quantités de cocaïne et cannabis.
Ce procès doit se tenir jusqu’à vendredi devant le tribunal correctionnel de la Juridiction interrégionale spécialisée (JIRS, chargée de la criminalité organisée) de Lille. Pour le même dossier, six autres personnes, considérées comme les organisatrices du trafic, seront jugées à une date non encore fixée devant la cour d’assises du Nord.
Entre 2.500 et 4.000 euros par kilo de cocaïne sorti du port
Parmi les 11 personnes jugées à partir de lundi figurent cinq dockers. Toutes sont renvoyées devant le tribunal, entre autres, pour participation à un groupe préparant l’importation de produits stupéfiants en bande organisée. L’enquête avait débuté en 2017, lorsqu’une source avait indiqué à la police judiciaire du Havre que des personnes assuraient régulièrement la sortie de la zone portuaire de produits stupéfiants en provenance d’Amérique latine.
Certains intermédiaires pouvaient être rémunérés « jusqu’à 75.000 euros pour seulement "autoriser" des sorties » de stupéfiants, tandis que les organisateurs touchaient entre 2.500 et 4.000 euros par kilo de cocaïne sorti du port, une somme qui leur permettait de rémunérer leurs complices et les opérateurs corrompus, selon l’enquête.
Un docker tué en juin 2020
Plus d’1,3 tonne de cocaïne et 445 kg de résine de cannabis avaient été saisis dans le cadre de cette enquête, dans des conteneurs ou sur des navires en provenance du Brésil ou de République dominicaine mais aussi en Martinique.
Ce dossier confirme le recours à des échanges de cocaïne et de résine de cannabis entre les Antilles, où la cocaïne est très disponible et vaut peu, et la métropole, où le même constat peut être fait pour le cannabis, selon l’enquête. Un troisième procès devrait se tenir ultérieurement pour l’enlèvement et le meurtre d’un docker du Havre en juin 2020.
Ce docker de 40 ans avait lui-même été mis en examen en 2018 pour association de malfaiteurs « en lien avec un trafic de produits stupéfiants sévissant sur la zone portuaire » et laissé libre sous contrôle judiciaire.