Noisy-le-Sec : L’ancien maire, Laurent Rivoire, jugé pour « favoritisme » et « trafic d’influence »
PROCES•Laurent Rivoire aurait attribué pour 3,4 millions d’euros d’argent public de manière irrégulière lors de son mandat de maire de Noisy-le-Sec (Seine-Saint-Denis)Mathilde Desgranges avec AFP
Ce mardi, Laurent Rivoire, ancien maire UDI de Noisy-le-Sec, comparaît devant le tribunal correctionnel de Bobigny. Il est soupçonné d’avoir attribué de manière irrégulière des millions d’euros de marchés publics. Un contrat de « conseil en communication » à 90.000 euros, un marché de « suivi du plan stratégique du patrimoine » à 262.000 euros, une « recherche d’un thermicien » pour 22.800 euros, des études de faisabilité pour des logements ou un parking : une vingtaine de marchés litigieux sont visés dans cette procédure, pour un montant estimé à quelque 3,4 millions d’euros.
Laurent Rivoire est soupçonné de ne pas avoir respecté les procédures d’appel d’offres et d’avoir privilégié des proches dans l’attribution de ces marchés en tant que PDG de Noisy-le-Sec Habitant, l’office HLM de cette ville populaire de 44.000 habitants en Seine-Saint-Denis.
L’ancien édile devait initialement comparaître en février 2020, mais l’audience avait été renvoyée en raison d’une grève des avocats. Entre-temps l’élu, aux manettes de cette ville pendant dix ans, a perdu en 2020 son fauteuil, désormais occupé par le communiste Olivier Sarrabeyrouse. Il reste toutefois conseiller municipal d’opposition.
Un système basé sur "le clientélisme et le communautarisme"
Laurent Rivoire sera jugé jusqu’à vendredi devant la quinzième chambre du tribunal, spécialisée dans les affaires financières, pour « favoritisme », « prise illégale d’intérêts » et « trafic d’influence ». « Notre client reste dans le même état d’esprit. Il ne lui est reproché aucun enrichissement personnel et il est déterminé à démontrer qu’il a toujours agi dans l’intérêt général », déclarent ses avocats, Mathias Chichportich et Clara Gérard Rodriguez.
Sur le banc des parties civiles prendront place l’association Anticor et Jean-Paul Lefebvre, adversaire pugnace de l’ancien maire. L’opposant fut à l’origine de l’enquête préliminaire en adressant un signalement à la justice en décembre 2014. Conseiller municipal, Jean-Paul Lefebvre estime que les pratiques présumées de Laurent Rivoire et ses fidèles s’inscrivent dans « le système imaginé par Jean-Christophe Lagarde [patron de l’UDI, élu en Seine-Saint-Denis] et ses sbires » qui, dit-il, joue sur « le clientélisme et le communautarisme » avec l’argent public.
Outre Laurent Rivière, le banc des prévenus sera occupé par huit autres personnes : des dirigeants de sociétés originaires du Londeau, une importante cité de la ville, et engagés par le bailleur pour des travaux ou du nettoyage. L’un d’eux, Miloud Gherras, est poursuivi pour « recel de favoritisme ». Elu en 2014 sur la liste de l’ex-maire avant de passer dans l’opposition, il avait reçu cinq balles dans les jambes en 2016. Deux frères, dont l’un sera également jugé mardi, avaient été condamnés à cinq et six ans de prison dans cette affaire.