Caen : Poursuivi pour avoir mutilé de nombreux chats, un homme déclaré pénalement irresponsable
JUSTICE•En juin 2018, le « tortionnaire de chats » avait été condamné à 18 mois de prison, dont neuf mois ferme. Il avait fait appel du jugement20 Minutes avec agences
Un quinquagénaire souffrant de la maladie de Parkinson était poursuivi pour avoir mutilé de nombreux chats autour de Caen ( Calvados), alors qu’il se trouvait sous traitement médicamenteux. Il a été déclaré irresponsable pénalement mercredi par la cour d’appel. Le prévenu était rejugé pour avoir luxé ou cassé les pattes de 15 chats entre mai et juin 2018.
Dans son arrêt, « la cour a estimé que, au moment des faits, cet homme de 53 ans souffrait d’un trouble qui a provoqué une abolition de son discernement et du contrôle de ses actes », a expliqué la présidente Jeanne Chéenne. Déclaré pénalement irresponsable, il ne s’est donc vu infliger aucune peine. La cour d’appel a pris en compte les arguments de la défense, qui avait mis en avant le traitement médicamenteux suivi par l’ingénieur pour expliquer ses agissements.
Six mois de prison avec sursis requis par le parquet en juin 2021
Souffrant de la maladie de Parkinson, il avait été sous traitement (Neupro puis Requip) entre 2015 et 2018. L’avocate de l’ingénieur, Me Dominique Mari, a accueilli la décision de la cour d’appel de Caen avec une « grande satisfaction », mais aussi « une grande émotion » évoquant « trois ans de bataille judiciaire pour aboutir à ce résultat ». « Il a fallu faire appel aux experts, à la science, à la médecine, pour obtenir la reconnaissance des effets indésirables de ces médicaments. C’est un message que la cour d’appel de Caen adresse aux tribunaux correctionnels pour qu’ils étudient ce type de dossiers avec tout l’éclairage nécessaire », a estimé son conseil.
Le premier jugement du « tortionnaire de chats », en juin 2018, s’était déroulé selon la procédure de comparution immédiate, au lendemain de son interpellation. Le prévenu, ancien cadre dirigeant d’une grande entreprise automobile de la région caennaise, avait été condamné à dix-huit mois de prison, dont neuf mois ferme, et avait fait appel du jugement. Le quinquagénaire et sa famille, qui avaient été pris à partie sur les réseaux sociaux et avaient été menacés de mort, vont désormais pouvoir tourner la page, a estimé l’avocate. « Ils vont pouvoir se reconstruire moralement et psychologiquement après cette véritable mort sociale » et « recommencer une nouvelle vie », selon Me Mari.
Six mois de prison avec sursis avaient été requis à l’audience, le 21 juin 2021, par le parquet. Celui-ci avait reproché au prévenu de s’être « affranchi des mises en garde du corps médical » qui lui demandait régulièrement s’il avait des effets secondaires comme des comportements étranges. Mais à part le cas d’un malade qui a torturé des chats en Argentine alors qu’il était traité avec la même molécule, la littérature scientifique n’évoquait comme effet secondaire que l’addiction aux jeux, une hypersexualité ou des achats compulsifs, avait plaidé Me Mari.
L’altération de son discernement en raison de la prise de ces médicaments a déjà été retenue par le tribunal correctionnel de Caen en février dans une autre affaire : le quinquagénaire avait été condamné à une amende de 500 euros pour avoir poignardé un chien, un Beauceron, lors d’une visite à la SPA de Verson, en avril 2017.