Meurtre de Patricia Bouchon à Bouloc : Laurent Dejean, qui nie toujours, jugé en appel à partir de ce lundi
ASSISES•Condamné en mars 2019 à 20 ans de réclusion criminelle pour le meurtre de Patricia Bouchon, Laurent Dejean est jugé en appel à partir de ce lundi par la cour d’assises du TarnBéatrice Colin
L'essentiel
- Le 14 février 2011, à Bouloc, près de Toulouse, Patricia Bouchon disparaissait alors qu’elle faisait son jogging matinal.
- Le corps de la mère de famille de 49 ans avait été retrouvé 45 jours après sa disparition.
- En 2015, Laurent Dejean, un plaquiste de la commune, a été mis en examen en raison d’un faisceau d’indices « graves et concordants », avant d’être condamné quatre ans plus tard à 20 ans de réclusion criminelle.
- Son procès en appel s’ouvre ce lundi devant la cour d’assises du Tarn, à Albi, alors que le meurtrier présumé continue de clamer son innocence.
Ce lundi, le procès en appel de Laurent Dejean s’ouvre devant la cour d’assises du Tarn, à Albi. Durant deux semaines, les jurés vont passer en revue les « indices graves et concordants » qui ont conduit cet homme aujourd’hui âgé de 42 ans dans le box des accusés pour le meurtre de Patricia Bouchon et à sa condamnation en mars 2019 à 20 ans de réclusion criminelle.
Le 14 février 2011, cette secrétaire dans un cabinet d’avocats toulousain, disparaissait alors qu’elle faisait son jogging matinal de 4,5 km à Bouloc. Son mari, très inquiet de ne pas la voir revenir, avait immédiatement alerté les gendarmes. Le lendemain soir, des traces de sang, des cheveux arrachés et des effets personnels de la victime étaient retrouvés dans une impasse non loin de son domicile, là où durant la nuit des riverains avaient entendu des cris et un homme répéter à plusieurs reprises « excuse-moi, excuse-moi », suivi de pleurs.
45 jours plus tard, le corps de la mère de famille de 49 ans était retrouvé par un chasseur, caché dans une buse à 12 km du lieu de sa disparition. Après une longue enquête, et plusieurs gardes à vue, Laurent Dejean, un plaquiste de 34 ans atteint de troubles psychiatriques, était mis en examen en février 2015.
Une Clio et des mensonges
Alors qu’il a toujours clamé son innocence, son attitude, mais aussi certains de ses mensonges, avaient conduit les enquêteurs à s’intéresser à lui. Il avait en effet longtemps nié être en possession d’un Clio au moment des faits. Or, une voiture de ce type avait été vue par un conducteur sur les lieux du crime, blanche ou grise cela fera l’objet de débats. Selon ce témoin clé, elle se trouvait tous feux éteints et le conducteur avait dû faire une embardée pour l’éviter.
Interrogé par les gendarmes, le témoin leur avait permis d’établir un portrait-robot diffusé en octobre 2013. Et c’est cette diffusion qui va relancer la piste Laurent Dejean. Un appel anonyme va en effet dénoncer cet habitant de Bouloc. Au total, 37 personnes, dont son ex-petite amie, vont trouver une certaine ressemblance avec le suspect. La jeune femme va aussi leur confirmer que Laurent Dejean était en possession d’une Clio en février 2011 et qu’il s’en était débarrassé peu de temps après. Lors des auditions de ses collègues de travail, les enquêteurs vont découvrir un homme en proie aux sautes d’humeur, mais aussi qui peut mentir.
Faute de preuves
Alors qu’il est interné en psychiatrie quelques jours après le meurtre, il dira à son patron que s’il ne revient pas c’est à cause d’une tendinite. Diagnostiqué schizophrène paranoïde, à l’époque des faits il consommait des stupéfiants et sillonnait régulièrement les routes la nuit à la recherche de produits au volant de sa Clio.
Mais si ces faits sont troublants, aucune preuve matérielle ne relie Laurent Dejean au meurtre de Patricia Bouchon. Au premier procès, l’avocat général avait d’ailleurs requis l’acquittement « fautes de preuves ». C’est aussi ce que défend son nouvel avocat qui parle d’erreur judiciaire.