Nice : La justice innove dans la lutte contre la drogue avec une procédure rapide contre les guetteurs
TRAFICS•Le but est d'« aller vite », de « multiplier les interventions » et de « ne pas donner le sentiment qu’on ne fait rien » contre ces jeunes, souligne le parquet20 Minutes avec AFP
L'essentiel
- A Nice, la justice teste depuis janvier une procédure simplifiée pour accentuer la répression contre les guetteurs.
- Depuis le début de l’année, cette procédure alternative a permis de dresser une soixantaine de procès-verbaux et de saisir plus de 32.000 euros dans plusieurs quartiers.
Depuis janvier, la justice à Nice expérimente, avec les policiers, une procédure simplifiée pour accentuer la répression contre les guetteurs, « petites mains » des trafics de drogues. Le but est d'« aller vite », de « multiplier les interventions » et de « ne pas donner le sentiment qu’on ne fait rien » contre ces jeunes, souvent mineurs, qui sont « auteurs de nuisances dans les quartiers », a détaillé ce mercredi Jean-Philippe Navarre, premier vice-procureur de la République.
Depuis le début de l’année, cette procédure alternative a permis de dresser une soixantaine de procès-verbaux et de saisir plus de 32.000 euros dans plusieurs quartiers de Nice. Elle vient combler un vide pour la police, souvent démunie pour incriminer des individus qui n’ont pas de drogue sur eux, mais permettent aux trafiquants de fuir quand la police arrive, en poussant des cris caractéristiques ou en téléphonant.
Un PV simplifié qui laisse une trace en cas de réitération
Un canevas de procès-verbal (PV) a été établi à destination des policiers et validé par le procureur. Il permet de verbaliser sur place des guetteurs pris en flagrant délit, sans les emmener en garde à vue au commissariat, et de leur confisquer leur matériel, talkie-walkie, téléphone, ainsi que l’argent dont ils ne justifient pas l’origine.
Le PV simplifié, sur lequel le policier doit uniquement noter une identité et cocher quelques cases, est classé sans suite. Il laisse néanmoins une trace contre l’auteur : « La procédure est enregistrée au parquet et crée un précédent pour pouvoir engager des poursuites plus significatives sur un format plus traditionnel de comparution devant le tribunal, dans l’hypothèse d’une réitération des faits », souligne Jean-Philippe Navarre.
« Guetteur, c’est souvent un premier pas »
Au tribunal judiciaire de Nice, les comparutions liées au trafic de stupéfiants sont quotidiennes. Un groupe de lutte contre le trafic de drogue (GLTD) associant la mairie, la préfecture, la police et la justice a été créé en 2020. « Guetteur, c’est souvent un premier pas, ajoute le premier vice-procureur de la République. Il y a malheureusement un engrenage qui fait que vous commencez par guetter pour 50 euros, puis vous vendez pour un peu plus et vous vous retrouvez comme ça dans la délinquance au quotidien. »
Il s’agit « beaucoup de mineurs faciles à embrigader pour quelques dizaines d’euros, mais pas majoritairement ». Les autres sont « des ressortissants français en très grande précarité », ou « des ressortissants étrangers en situation de précarité ou de clandestinité, qui se font exploiter par les trafiquants de drogue pour gagner quelques euros ».
Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, qui a promis de mener une « guerre » contre les trafiquants de drogues, avait évoqué en mai l’idée une amende forfaitaire contre les guetteurs, une mesure qui avait suscité le scepticisme de certains policiers.