PROCESOuverture du procès du commando cagoulé de la fac de droit de Montpellier

Montpellier : Ouverture du procès du commando cagoulé de la fac de droit

PROCESUn commando armé était intervenu dans la nuit du 22 au 23 mars 2018 pour déloger des grévistes qui occupaient un amphithéâtre. Parmi les prévenus, le doyen et un professeur
Jérôme Diesnis

Jérôme Diesnis

L'essentiel

  • Dans la nuit du 22 au 23 mars 2018, un commando de plusieurs hommes cagoulés s’était introduit dans l’amphithéâtre occupé par des grévistes pour les expulser violemment.
  • Sept personnes sont prévenues dans cette affaire, dont le doyen de la fac de droit et un professeur en histoire de droit à l’époque des faits.
  • L’intervention du commando, filmée par des étudiants et diffusée sur les réseaux sociaux, avait entraîné de nombreuses condamnations et des mesures administratives à l’encontre des deux enseignants.

Sept personnes comparaissent jeudi et vendredi au tribunal correctionnel de Montpellier. Elles sont soupçonnées d’avoir joué un rôle dans l’opération commando mené par des hommes cagoulés à la faculté de droit de Montpellier.

Les faits s’étaient produits dans la nuit du 22 au 23 mars 2018. La fac de droit était alors occupée par des militants, des syndicalistes et des étudiants, venus pour l’essentiel de la faculté de lettres (rattachée à une autre université). Un commando de plusieurs hommes cagoulés s’était introduit dans l’amphithéâtre occupé par des grévistes en pleine nuit. Armés de planches en bois et pour l’un d’eux d’un pistolet à impulsions électriques, ils avaient délogé par la force les grévistes.

Doyen, professeur, candidate aux législatives et hommes de main

Selon l’accusation, le professeur d’histoire du droit Jean-Luc Coronel aurait été le meneur de cette expédition. S’il n’avait pas directement participé aux violences, il aurait tenu un rôle de leader, ce qu’il réfute.

Sa compagne, Patricia Margand, ancienne candidate royaliste aux législatives de 2012 à Lyon, a assuré lors de l’instruction avoir agi de sa propre initiative. Elle n’aurait pas participé activement non plus au commando, mais aurait contacté par téléphone puis mené jusqu’au parking du personnel de la faculté quatre hommes de main, présentés comme étant proches ou membres de groupuscules d’extrême droite.

« J’attends de la mesure et de la sérénité »

Mais le principal prévenu dans cette affaire est doyen de la faculté de droit, Philippe Pétel. Il est poursuivi pour complicité de violences volontaires en réunion. C’est lui qui aurait ouvert les portes de la faculté du commando. Aux enquêteurs, il s’est justifié en expliquant qu’il pensait qu’il s’agissait de policiers, dont il avait demandé l’intervention en vain depuis plusieurs jours.

« J’attends de ce procès qu’il se passe dans la sérénité et la mesure, ce qui a considérablement manqué jusqu’à présent », souligne à 20 Minutes son avocate Iris Christol. « Il a été fait de Philippe Pétel un portrait qui est tout l’inverse de la réalité. J’espère que le temps d’être entendu est venu ».

« La fac de droit doit assumer sa part de responsabilité »

L’affaire avait été commentée jusqu’au plus haut niveau de l’Etat. Philippe Pétel avait été poussé à la démission avant de se voir infliger en 2019 cinq ans d’interdiction d’exercer après une enquête administrative. Jean-Luc Coronel, de son côté, a été révoqué. Il enseigne désormais à l’école de Marion Maréchal Le Pen à Lyon. Il sera jugé en état de récidive légale après une condamnation en 2013 pour des violences sur personne vulnérable.

« Il serait bien que les deux principaux mis en examen assument leurs responsabilités, même si ça ne changera rien je pense à leur condamnation, espère Jean-Louis Demersseman, l’avocat de huit victimes. Ce qui permettrait à la faculté de droit de Montpellier d’assumer sa part de responsabilité ». Il se dit « certain que le doyen connaissait » les intentions des personnes présentes ce soir-là pour mener leur besogne dans l’amphithéâtre.