Savoie : Un réfugié tibétain jugé aux assises pour les assassinats de sa petite amie et de son meilleur ami
PROCES•Le jour des faits, l'accusé avait également blessé un autre homme à l'arme blanche. Il est aussi jugé pour tentative de meurtre devant la cour d'assises de Savoie située à Chambéry20 Minutes avec AFP
Il encourt la réclusion à perpétuité. Un réfugié tibétain comparaît dès ce lundi devant la cour d'assises de la Savoie pour un double assassinat et une tentative de meurtre au printemps 2017 à Chambéry. Une échéance que l’accusé, aborde avec un détachement qui a surpris jusqu’aux enquêteurs.
Quand il est filmé par des caméras de vidéosurveillance se dirigeant vers le restaurant asiatique Le Grand Buffet Royal, le 26 mai 2017 en milieu d’après-midi, Atsok Drudup Tsang semble très calme. Moins de trente minutes plus tard, un témoin raconte l’avoir vu repartir tout aussi posément. Entre les deux, « j’étais envahi par la colère », devait reconnaître cet homme de 41 ans, fils de paysans tibétains et de confession boudhiste, lors de sa garde à vue.
De fait, lorsque les enquêteurs arrivent sur les lieux, ils découvrent du sang partout, deux morts et un blessé. Un couteau de cuisine, avec une lame ensanglantée de 20 centimètres de long, sera retrouvé à proximité. Quelques jours auparavant, Atsok Drudup Tsang avait compris que sa compagne Karma Tsering Garsa Tsang entretenait une relation amoureuse avec son ami d’enfance Dawa Tashi Tsang.
Une situation très « mal vue » de leurs compatriotes, compte tenu des liens anciens d’amitié entre les deux hommes, rapporte un témoin. Bien que portant le même nom, les trois protagonistes ne sont pas apparentés, le nom Tsang dénotant en tibétain une extraction sociale élevée. Depuis Nanterre, où il résidait dans un foyer, Atsok Drudup Tsang prend le train pour Chambéry. Le 25 mai au soir, selon ses dires, il retrouve sa compagne qui lui avoue la liaison.
La préméditation récusée par la Défense
Le lendemain, son ami Dawa Tashi Tsang, qui officie comme cuisinier dans le restaurant où travaille sa compagne, lui aurait confirmé l’existence de la relation. Quelques heures plus tard, en arrivant au restaurant, Atsok Drudup Tsang croise celle qu’il considère encore comme sa compagne, ainsi qu’un autre employé du restaurant, Kevin Pernet dit Rosset. Extrêmement nerveux, il aurait demandé à la femme de lui donner les clés d’accès à l’escalier menant aux chambres des employés du restaurant, où se trouvait son ami d’enfance. La femme refusant, l’autre employé se serait interposé. Il a reçu un coup de couteau dans le bras. Karma Tsering Garsa Tsang a été découverte poignardée dans le dos, sur le parking de l’établissement situé dans une zone commerciale de la ville. Dawa Tashi Tsang a, lui, été retrouvé le corps lardé de coups de couteau sur un lit de la chambre qu’il occupait.
La qualification des faits sera contestée par la défense, qui récuse notamment la préméditation, lors des trois jours de débats, qui se tiendront dans le calme retrouvé de la cour d’assises de la Savoie après l’effervescence du procès Lelandais. Pour son avocate Solène Royon, l’un des enjeux sera aussi de faire comprendre à la cour « la logique totalement bouddhiste » de l’accusé.
Selon des sources judiciaires, Atsok Drudup Tsang semblerait accorder plus d’importance au châtiment de son âme qu’à la sanction pénale. Il s’est montré comme détaché du processus judiciaire, sans pour autant être indifférent. Si Atsok Drudup Tsang était déclaré coupable, l’experte psychologue qui l’a examiné préconise non pas un suivi psychologique, mais plutôt un accompagnement spirituel, selon elle plus adapté. Le verdict est attendu le 19 mai.