ENQUETELe fugitif des Cévennes a avoué les crimes, la préméditation retenue

Double homicide dans les Cévennes : Le suspect mis en examen pour assassinats, la préméditation retenue

ENQUETEL’homme, qui s’est rendu aux gendarmes vendredi, après quatre jours de traque, a avoué ses crimes
Nicolas Bonzom

N.B.

L'essentiel

  • La préméditation est, pour l’instant, retenue, par les enquêteurs, dans le cadre de l’enquête sur le double homicide survenu dans une scierie des Cévennes.
  • Le suspect, qui s’est rendu vendredi, a avoué les crimes, lors de sa garde à vue.
  • L’homme, soupçonné d’avoir abattu son patron et un de ses collègues dans la scierie des Plantiers, où il travaillait, avait fui, mardi, dans la forêt cévenole.

Le suspect du double homicide, survenu dans une scierie des Cévennes, près du village des Plantiers, dans le Gard, a été mis en examen ce dimanche après-midi pour assassinats, et placé en détention provisoire. La préméditation a été retenue.

Le suspect, qui s’est rendu, sans violence, vendredi soir, à une patrouille de gendarmes, a avoué les crimes, avait indiqué le procureur de Nîmes, Eric Maurel, ce dimanche matin, lors d’une conférence de presse. « Les aveux ont été réitérés jusqu’à présent, note le procureur, Eric Maurel. Il est calme, s’exprime et est cohérent, ces auditions ont permis de faire avancer les investigations. » L’homme de 29 ans, qui n'a pas fait part de regrets quant aux faits qui lui sont reprochés, a, par ailleurs, refusé d’être assisté par un avocat.

Il « avait peur »

Selon le procureur de la République de Nîmes, l’homme, soupçonné d’avoir abattu son patron et un de ses collègues, était muni, lorsqu’il est arrivé sur son lieu de travail, mardi, d’une arme « qui était approvisionnée » et, sans doute, « prête au tir ».

Lors de sa garde à vue, le suspect a évoqué « une altercation », le matin des faits, avec son employeur et un collègue, au sujet de « ses conditions de travail » et, notamment, du « paiement d’heures supplémentaires », note le procureur. Le suspect était également inquiété par « un possible licenciement pour faute grave », indique Bertrand Michel, le colonel de la gendarmerie de la section de recherches de Nîmes. « Il est passé par-dessus des rouleaux qui servent à entraîner des billes de bois, et il a ouvert une première combinaison, puis un deuxième vêtement sous cette combinaison, puis s’est emparé de son arme », a expliqué le procureur, Eric Maurel. Il est alors soupçonné d’avoir ouvert le feu « à trois, voire quatre reprises » sur les victimes. « Ce sont ces éléments qui me conduisent à conserver l’idée d’une préméditation », confie le magistrat.

Les auditions ont également permis aux enquêteurs d'affiner le profil psychologique du suspect. « Rien ne permet de dire qu’il soit paranoïaque, laissons aux experts psychiatres le soin de le déterminer », note le procureur, mais, dit-il, l’homme « avait peur ». « Il ressentait de la peur vis-à-vis de plusieurs personnes du village, et c’est cette peur que ces individus s’en prennent à lui ou à sa famille, qui l’avait conduit à porter un gilet pare-balles pour se rendre à son travail depuis près de trois ans. Et à se rendre à son travail avec une arme de poing depuis plusieurs mois. » Il avait mis en place, autour de son domicile, un système de vidéosurveillance, qui a été utile aux enquêteurs pour déterminer dans quelles conditions il s’était rendu, mardi, après le drame, dans la forêt.

Une seule arme a été retrouvée

Avant de fuir dans la garrigue, l’homme est ainsi rentré chez lui, pour s’équiper. Ce sont « des membres de sa famille » qui ont prévenu les gendarmes, « dès qu’il leur a indiqué qu’il avait commis ces faits épouvantables », poursuit le procureur. Un témoin des faits, un salarié de la scierie des Plantiers, avait également alerté les forces de l’ordre.

En forêt, il s’est débarrassé des deux armes, au moins, qu’il a embarquées dans a fuite. Pour l’instant, une seule, une arme de poing, qui avait été cachée, a été retrouvée. Elle était dissimulée dans un châtaignier mort. « Elle pourrait correspondre à l’arme qui a été utilisée lors du crime », mais les expertises balistiques devront le confirmer, poursuit Eric Maurel. L’autre arme, une carabine, reste introuvable. Seuls des éléments qui la composent ont été découverts. « Il ne voulait pas faire de mal aux gendarmes, il s’était donc débarrassé très rapidement de ses armes », a expliqué le suspect, indique Bertrand Michel, le colonel de la gendarmerie de la section de recherches de Nîmes.

En fuite dans l'immense forêt où les gendarmes l'ont cherché pendant près de quatre jours, le fugitif s'était réfugié dans « un trou à sangliers », où il est resté terré. Cette cache « se trouvait à environ 600 mètres de son habitation et il a pu observer les gendarmes perquisitionner sa maison », a précisé le commandant de la gendarmerie.