Bordeaux : « J’attends de savoir qui m’a trahi », lance Bernard Magrez au procès de ses cambrioleurs
PROCES•Dans la nuit du 11 au 12 janvier 2018, l’homme d’affaires Bernard Magrez et sa femme ont été cambriolés et agressés à leur domicile bordelais. Six personnes sont jugées pour vol et séquestration à Bordeaux, jusqu’à vendredi
Elsa Provenzano
L'essentiel
- Lors du cambriolage, le couple Magrez n’avait pas été blessé. Les voleurs étaient repartis avec des montres de collection, des bijoux, des cartes bancaires et le véhicule Range Rover du couple.
- Avant le début du procès, l’homme d’affaires de 84 ans s’interroge sur qui a donné tant d’informations sur son domicile. Car les cambrioleurs « étaient parfaitement renseignés ».
- « Le préjudice est significatif mais bien inférieur à ce qu’il aurait pu être s’ils s’étaient intéressés aux tableaux et autres œuvres d’art présentes dans la maison », a commenté le président du tribunal.
«J’attends de savoir qui m’a trahi, quels sont ceux qui ont donné toutes ces informations à ces gens-là pour rentrer chez moi et trouver les clés de voiture et le reste, ils étaient parfaitement renseignés ! », commente auprès de 20 Minutes Bernard Magrez, 84 ans. L’homme d’affaires bordelais et son épouse ont été victimes d’un cambriolage et d’une séquestration de plusieurs heures, dans la nuit du 11 au 12 janvier 2018, à leur domicile bordelais.
Six prévenus, dont trois sont en détention provisoire, comparaissent jusqu’à vendredi devant le tribunal correctionnel de Bordeaux. Cinq d’entre eux sont poursuivis pour vol et séquestration et le sixième, suspecté de les avoir aidés, notamment en facilitant leur fuite, est poursuivi pour complicité. Très choqués, Bernard Magrez et sa femme n’avaient cependant pas été blessés lors de cette agression, aucun jour d’ITT n’a été déclaré.
Un « coup à 300.000 euros » attendu
En s’introduisant masqués et gantés chez celui qui est surnommé « l’homme aux quarante châteaux », les cinq individus pensaient vider des coffres remplis d’espèces. Le président du tribunal, Jean-Luc Ybres, en retraçant les éléments de l’enquête souligne l’attente par la bande d’un « coup à 300.000 euros ». Mais voilà, ils ont beau menacer les époux Magrez, ils ne trouvent pas beaucoup de liquidités dans la demeure.
Ils se rabattent alors sur des montres de collection, bijoux, cartes bancaires et repartent avec le véhicule Range Rover du couple. « Le préjudice est significatif mais bien inférieur à ce qu’il aurait pu être s’ils s’étaient intéressés aux tableaux et autres œuvres d’art présentes dans la maison », commente le président du tribunal.
Rentrés par effraction après avoir escaladé le mur du jardin et forcé un volet roulant, les cambrioleurs ont ensuite plaqué le couple au sol et tenté de lui faire peur. Ils menacent de taillader les mains de la femme de Bernard Magrez ou de l’enlever jusqu’en Espagne. Elle raconte qu’elle les conduit jusqu’aux montres de collection et à ses bijoux, rangés dans un coffret situé dans la salle de bains.
Abandon du véhicule à Léognan
Ils partent vers 6 heures du matin, après que le couple leur a fait croire à l’arrivée imminente de la femme de ménage, qui ne commence en réalité qu’à 8h30. Ils ligotent le couple avec des écharpes et s’enfuient avec leur butin. Bernard Magrez et sa femme réussissent à se libérer au bout d’une heure et donnent l’alerte auprès d’un voisin qui passe dans la rue, puisque leurs agresseurs avaient pris soin de couper le fil du téléphone (et de mettre hors d’usage leurs portables).
La bande abandonne le véhicule volé à Léognan, visiblement de façon précipitée puisque les feux restent allumés. Le système de géolocalisation du véhicule va permettre de retracer leur périple qui comprend plusieurs arrêts pour des tentatives de retraits d’argent. A l’intérieur du véhicule, qui fera l’objet de nombreux prélèvements, une bouteille d’acétone et le boîtier du système de surveillance de la maison Magrez sont retrouvés.
Au cours de l’enquête, la police va s’intéresser à un homme déjà connu pour des actes de délinquance dans la région parisienne. A la tête d’une petite entreprise de peinture, il possède un entrepôt situé à 300 mètres du lieu où a été retrouvé le véhicule, à Léognan. Beau-frère des trois frères prévenus dans cette affaire et poursuivi pour complicité, il a déclaré au juge d’instruction avoir été « trop naïf » avec ces derniers.
Le président du tribunal s’est livré ce mardi matin à un exposé détaillé de l’ensemble des faits et des investigations dans le but de montrer « la minutie de l’enquête ». Beaucoup d’éclairages sont néanmoins attendus au cours de ce procès, notamment sur la préparation de cette opération. Les débats se poursuivent jusqu’à vendredi.