Marseille : Des « manquements administratifs » mais pas des « ripoux », se défendent les policiers de la Bac Nord
PROCES BAC NORD•18 ex-policiers de la Bac Nord de Marseille sont jugés pour des faits de vols d’argents, de stupéfiants et de cigarettes à des dealers de cité20 Minutes avec AFP
L'essentiel
- 18 ex-policiers de la Bac Nord sont jugés pour des vols d’argents, de stupéfiants et de cigarettes pendant l’exercice de leur fonction.
- Ils ont reconnu des « manquements administratifs », mais se sont défendus d’être des « ripoux ».
«On n’a jamais été des "ripoux", on nous a traînés dans la boue » : les débats au procès des 18 ex-policiers de la Bac Nord se sont achevés mercredi sur les protestations d’innocence des prévenus, à la veille du jugement attendu jeudi à 16h30.
Invités à prendre la parole après les plaidoiries de leurs avocats, les policiers poursuivis pour avoir volé des stupéfiants, de l’argent ou des cigarettes de contrebande à des dealers ou revendeurs des cités, ont seulement reconnu des « manquements administratifs ».
« On n’a jamais trahi ni l’uniforme, ni l’institution »
Evoquant « beaucoup de souffrances pour les collègues, les familles, les enfants », Jean Fiorenti, ex-chef de groupe, s’est dit « marqué à vie par cette affaire » : « On essaie de se reconstruire tant bien que mal, (…) j’espère qu’on ne va pas nous remettre la tête sous l’eau ». « Malgré ce qui a été dit sur notre intégrité, je voulais montrer qu’on a pu se tromper sur nous », a expliqué Yann Cabrol, pour justifier son retour à la Bac Nord depuis les faits vieux de neuf ans.
Désormais infirmier à la prison des Baumettes, après sa révocation de la police nationale comme deux de ses collègues, Régis Dutto était en détention provisoire quand il a entendu Manuel Valls, alors ministre de l’Intérieur, dire que ces policiers de la Bac Nord avaient « sali l’uniforme ». « On n’a jamais trahi ni l’uniforme, ni l’institution », a-t-il martelé, « soulagé par les (derniers) propos du procureur ».
Appelé à prendre position sur la demande unanime des avocats de non-inscription d’éventuelles condamnations au bulletin numéro 2 du casier judiciaire, le procureur de la République adjoint André Ribes ne s’y pas opposé : « Après neuf ans au service des autres, à ne commettre aucune faute et à avoir fait preuve d’abnégation, je n’ai aucun doute qu’ils (…) seraient prêts à se sacrifier pour me défendre. Même si j’ai requis contre eux ». Lundi, évoquant de « vrais bons policiers » qui ont cependant abîmé l’image de la police, M. Ribes avait réclamé la condamnation des 18 prévenus, demandant des peines d’un an de prison avec sursis à trois ans de prison dont six mois ferme.
« Accusations mensongères »
En clôture des plaidoiries mercredi, la défense avait demandé la relaxe des quatre policiers accusés par un dealer de lui avoir dérobé 9.000 euros lors de son interpellation, le 31 août 2012 dans une cité de Marseille, alors qu’il transportait un kilo de cannabis. Seule victime déclarée, celui-ci s’est constitué partie civile mais ne s’est pas présenté à l’audience.
Rejetant des « accusations mensongères », Me Laurent Bartoloméi, défenseur d’un des quatre policiers présents sur cette opération, s’est étonné qu’on puisse accorder « un quelconque crédit » à ce trafiquant qui aurait d’abord tenté de corrompre les policiers en leur proposant la moitié des quelque 30.000 euros qu’il avait avec lui, officiellement pour acheter une voiture en Allemagne. « Il n’a pas réussi à les corrompre alors, s’est-il dit, "je vais les mettre dedans, je vais les emmerder" », a insisté Me Virgile Reynaud, avocat des trois autres policiers en cause dans cette interpellation.