Aix-en-Provence : Un avocat niçois expulsé d’un procès manu militari par la police, « comme une merde »
INCIDENT D'AUDIENCE•Selon lui, le ton est monté avec le président de l’audience quand ce dernier a décidé de mener les débats en l’absence de son client, testé la veille positif au Covid-19Fabien Binacchi
L'essentiel
- Ce jeudi matin, un procès pour un trafic de drogue avec une dizaine de prévenus a tourné au pugilat devant le tribunal correctionnel d'Aix-en-Provence.
- Un avocat niçois affirme avoir été « molesté » et expulsé manu militari de la salle d’audience par « sept policiers », à la demande du président de l'audience.
Pour Me Paul Sollacaro, « c’est du jamais vu » et surtout « cela marque un tournant entre les avocats et les magistrats ». Ce jeudi matin, un procès pour un trafic de drogue avec une dizaine de prévenus a tourné au pugilat devant le tribunal correctionnel d’Aix-en-Provence. Et le professionnel du droit niçois affirme avoir été « molesté » et expulsé manu militari de la salle d’audience par « sept policiers ».
Selon lui, le ton est monté avec le président de l’audience Marc Rivet quand ce dernier a décidé de mener les débats en l’absence de son client, testé la veille positif au Covid-19.
« Et tout ça devant les prévenus »
« J’ai demandé la disjonction de son cas en produisant le résultat de son PCR. Le président a refusé. J’ai alors dit que, malgré son état, j’allais le faire venir pour qu’il puisse assurer sa défense. Je n’ai pas pu le voir avant. En état de récidive légale, il encourt vingt ans de prison. J’ai dit que j’allais l’appeler. Le président m’a ordonné de ne pas le faire. Puis m’a dit de me taire », raconte à 20 Minutes, Paul Sollacaro, fils de l’ancien bâtonnier d’Ajaccio, Antoine Sollacaro, assassiné en 2012.
Le niveau sonore serait encore monté d’un cran et « le président a alors demandé aux forces de l’ordre de le faire sortir », témoigne Me Audrey Vazzana, une autre avocate niçoise, présente sur le banc de la défense. « Et tout ça devant les prévenus. Les policiers l’ont pris par les bras. On a essayé d’intervenir et on a été bousculés, explique-t-elle. J’ai rappelé au président qu’aucun avocat dans l’exercice de ses fonctions ne peut être sorti d’une audience par la force publique. »
« C’est intolérable »
« Ce qui s’est passé ce matin est d’une gravité extrême. Ça marque un tournant. On m’a sorti comme un moins que rien, comme une merde. Des voyous sont mieux traités que ça », s’emporte Paul Sollacaro, qui annonce le dépôt d’une plainte.
Solidaires, les avocats sont alors sortis de la salle d’audience pour déposer un recours contre le rejet de la demande de leurs collègues et pour réclamer l’interruption du procès. Le parquet « s’est associé à cette demande », selon Mes Sollacaro et Vazzana, qui a été encore refusée par le président Marc Rivet.
La séance a repris à 14 heures avec les prévenus mais sans leurs avocats. « C’est inimaginable et c’est intolérable ce qui est en train de se passer », conclut l’avocate niçoise. Sollicité par 20 Minutes, le parquet d’Aix-en-Provence n’était pas en mesure de commenter immédiatement cet incident.