ACCIDENT« Si je retourne là-bas je suis mort »… Le chauffard de Lorient s’explique

Lorient : « Si je retourne là-bas, je suis mort »… Le chauffard s’explique après sa fuite

ACCIDENTDeux enfants avaient été fauchés en juin 2019. Un garçon de 9 ans était décédé
Camille Allain

C. A. avec AFP

«Ça s’est passé tellement vite, entre le stress, l’adrénaline, je n’arrivais pas à contrôler tout ça, il n’y a rien qui répondait. Je n’ai pas souvenir de les avoir vus. » Les familles des victimes de l’accident survenu à Lorient en juin 2019 ont pu entendre la voix du chauffard pour la première fois. Ce lundi, Kylian Le Reste a été entendu par le tribunal correctionnel de Lorient, un an et demi après avoir fauché deux enfants, dont un est décédé et l’autre lourdement blessé.

Le 9 juin 2019, après un refus d’obtempérer, Kylian Le Reste avait percuté une voiture dans un rond-point, sans faire de blessé, avant de faucher sur un trottoir les deux jeunes cousins, frôlant un troisième. Il avait aussitôt redémarré avant de s’arrêter 200 mètres plus loin et de s’enfuir avec sa passagère et ex-compagne, Gaëlle Taugeron. Ce lundi, il a reconnu avoir vu « des silhouettes ». Celui qui comparaît libre est notamment jugé pour homicide involontaire aggravé, blessures involontaires, conduite sans permis avec récidive et non assistance à mineur en danger.

« J’avais pas de limites à ce moment-là »

« J’avais pas de limites à ce moment-là, c’était moi et moi seul. Je ne savais pas vraiment ce qui s’était passé. Inconsciemment je savais que c’était quelque chose de grave », a-t-il ajouté, avouant conduire régulièrement « sans permis ». Pour expliquer sa fuite, Kylian Le Reste dit s’être « rendu compte que le véhicule avait un problème ». « C’est pour ça que je me suis arrêté et que j’ai couru », a-t-il ajouté.

Quand il apprend, par la bouche d’un ami, qu’il a percuté deux enfants, le jeune homme dit avoir été « bouleversé », sans être « prêt à assumer ». « Je me suis dit que si je retourne là-bas je suis mort », plaide-t-il.

D’une voix faible, Gaëlle Taugeron, 22 ans, a reconnu avoir eu « conscience des chocs », pensant qu’il s’agissait du « trottoir ». « Je ne savais pas où je regardais, j’ai essayé de sortir du véhicule, j’étais apeurée », a décrit la jeune femme, jugée pour non-assistance à mineur en danger.

« Il est décédé sous mes yeux »

Très ému, le conducteur du véhicule percuté sur le rond-point décrit lui une « scène de guerre ». « J’ai vu les corps des enfants rebondir sur la porte du garage. Quand je suis arrivé, le corps d’un des enfants semblait désarticulé. Quelques secondes après mon arrivée, il est décédé sous mes yeux », a déclaré l’automobiliste, qui suit une thérapie depuis un an et a avoué faire « en permanence des crises d’angoisse ». Il est le seul à avoir présenté ses condoléances aux familles, s’excusant de ne « pas avoir pu faire grand-chose » pour l’enfant décédé, hormis « d’avoir été là pour ses derniers instants ».

Au sujet de la course-poursuite, Kylian Le Reste a expliqué avoir pris la fuite « affolé » pour échapper à un contrôle, n’ayant pas le permis et étant déjà sous contrôle judiciaire. Il raconte avoir grillé un feu rouge en s’engouffrant dans le rond-point malgré la présence d’une voiture. « Je me suis dit : Ça va passer », a-t-il expliqué, disant avoir « perdu le contrôle » du véhicule, essayant d'« éviter le choc ».

Le début de l’audience a porté sur la relation entre les prévenus, Gaëlle Taugeron la décrivant comme « toxique », son compagnon l’enfermant dans une pièce quand il ne voulait pas qu’elle sorte. Elle avait déposé plainte contre lui deux mois avant le drame pour harcèlement et violences. Kylian Le Reste encourt dix ans de prison, Gaëlle Taugeron sept ans.