Après le suicide de Guillaume T. à l’origine de #MeeTooGay, sa famille souhaite porter plainte
SOCIETE•Le 9 février, Guillaume T. a été retrouvé mort, pendu dans sa chambre du campus de Nanterre. Peu de temps avant, il avait accusé de viol un conseiller communiste à la mairie de Paris, Maxime Cochard, et le compagnon de ce dernier20 Minutes avec AFP
Après le suicide de Guillaume T, dont son témoignage peu de temps avant avait déclenché le mouvement #MeTooGay, sa famille souhaite faire la lumière sur ce drame et voudrait qu’une enquête examine l’éventuelle responsabilité dans son suicide de l’élu qu’il avait accusé de viol, a-t-elle annoncé lundi, dans un communiqué de son avocate.
Le 21 janvier sur Twitter, ce jeune homme de 20 ans, étudiant à Nanterre (Hauts-de-Seine), avait accusé de viol un conseiller communiste à la mairie de Paris, Maxime Cochard, et le compagnon de ce dernier. L’élu avait immédiatement contesté ces accusations, qui ont suscité depuis des centaines d’autres messages sur les violences sexuelles dans les milieux gays.
Une qualification criminelle retenue
Le 9 février, Guillaume T. a été retrouvé mort, pendu dans sa chambre du campus de Nanterre, et le parquet local a ouvert une enquête pour examiner les causes de son décès. En parallèle, Me Elodie Tuaillon-Hibon a annoncé ce lundi avoir été mandatée par la famille de l’étudiant pour saisir le « parquet de Paris d’une plainte contre X pour violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner ».
Dans ces circonstances, c’est habituellement l’infraction de la « provocation au suicide », un délit passible de trois ans de prison, qui est invoquée. Elle nécessite de démontrer une incitation explicite au suicide ainsi qu’une intention de l’auteur d’y mener la victime.
Mais contre toute attente, l’avocate a choisi ici une qualification criminelle, celle dites des « coups mortels », punissable de 15 ans de réclusion. Elle nécessite de démontrer une volonté de l’accusé de porter une atteinte physique à la victime et que cette atteinte soit la cause directe de la mort.
« La voie médiatique pour décrédibiliser Guillaume »
« Guillaume n’a laissé aucun courrier pour expliquer son geste, et il emporte donc avec lui la raison intime qui aura finalement déterminé son acte », poursuit l’avocate, avant de lister les « violences volontaires » qui auraient pu, selon elle, causer son geste, les attribuant implicitement à Maxime Cochard et au compagnon de l’élu.
« Guillaume avait dénoncé des abus de nature sexuelle susceptibles d’être qualifiés de viol, qui peuvent constituer des violences », ajoute l’avocate. « Les personnes mises en cause ont répliqué non pas par la voie judiciaire comme elles l’ont d’abord prétendu mais d’abord par la voie médiatique pour décrédibiliser, discréditer et dénigrer Guillaume, ce qui pourrait constituer une autre violence », écrit en outre Me Tuaillon-Hibon.
L’élu Maxime Cochard – qui plaide un « acte consenti, entre adultes » selon les mots de son avocate – avait annoncé son intention de porter plainte en diffamation, une démarche qui n’était pas encore engagée au moment de la mort de l’étudiant.
« Des vie sociales et professionnelles pulvérisées par cinq tweets »
L'avocate de Maxime Cochard, Me Fanny Colin, a dénoncé auprès de l'AFP cette action judiciaire contre son client qui, a-t-elle dit, «aura eu pour seul tort de défendre son innocence».
«Maxime Cochard et son conjoint, dont les vie sociales et professionnelles ont été pulvérisées par cinq tweets de Guillaume T., réfutent totalement avoir soumis celui-ci à quelque contrainte physique ou morale que ce soit », a déclaré l'avocate.
Le dépôt d'une plainte en diffamation, annoncée après la publication des tweets, devait «être mise en oeuvre dans le bref délai de trois mois» et «est aujourd'hui impossible» compte tenu du décès de l'étudiant, a-t-elle fait valoir.
Selon son avocate, Maxime Cochard «attend avec confiance de pouvoir prouver son innocence en soumettant à la justice (dans le cadre de l'action qu'annonce l'avocat de Guillaume T.) les pièces qui l'établissent».