Marseille : Qui sont les quatorze prévenus accusés d'avoir participé au saccage de la Commanderie ?
FOOTBALL•Quatorze supporters étaient convoqués ce lundi devant le tribunal correctionnel de Marseille pour avoir saccagé le centre d’entraînement de l’OM samediMathilde Ceilles
L'essentiel
- Une quinzaine de participants présumés au saccage de la Commanderie devait comparaître ce lundi devant le tribunal correctionnel de Marseille.
- Les prévenus sont tous jeunes, supporters et issus de milieu modeste.
- Huit d’entre eux ont été placés en détention provisoire en attente de leur procès prévu le 24 février.
De notre envoyée spéciale au tribunal correctionnel de Marseille
Il faut imaginer une flopée de jeunes hommes, si nombreux qu’ils ne tiennent pas tous dans le box pas si menu des prévenus. Tous la même coupe de cheveux ou presque, le même style vestimentaire assez décontracté, la même façon de s’exprimer, avec un petit accent marseillais. Une sorte de masse juvénile qui regarde, abasourdie, la présidente du tribunal de Marseille, après avoir passé 48 heures en garde à vue.
Le plus jeune vient de souffler sa vingt et unième bougie. Un minot du huitième arrondissement de Marseille, étudiant en première année de BTS Immobilier en alternance, le nez bien amoché. Sa mère, très surprise, dira aux enquêteurs que « les derniers temps ont été durs pour Romain, qui a eu peu de contacts. » Sur le banc un peu plus loin, Thierry se présente au tribunal avec des béquilles, en raison d’une blessure à la cheville. Ses proches confient que « se rendre au stade le rend heureux. C’est le seul endroit où il se sent bien. »
Condamnés en tant que supporter
Ce lundi, quatorze personnes devaient être jugées en comparution immédiate devant le tribunal correctionnel de Marseille pour avoir violemment saccagé samedi le centre d’entraînement de l’Olympique de Marseille, provoquant le report d’OM-Rennes. Un caviste, plusieurs entrepreneurs qui cherchent à se lancer comme livreur, un électricien… Tous semblent provenir de cette France moyenne, modeste, qui travaille et vivote. Interrogé sur sa situation professionnelle, l’un des prévenus, jeune employé dans une entreprise de peinture qui appartient à son cousin, bafouille, avant qu’on comprenne qu’il travaille au noir.
La majorité des casiers judiciaires est vierge. Certains toutefois n’en sont pas à leur coup d’essai, avec de précédentes condamnations pour de petits délits en tant que supporter, à l’image de ce magasinier, interdit de stade pendant trois ans en 2017 pour avoir fait usage d’un fumigène au Vélodrome. Un autre a été condamné pour avoir envahi le terrain à l’issue d’un match à Bordeaux. « C’était pour demander un maillot à un des joueurs », justifie-t-il auprès de la présidente.
« J’ai reçu un message du groupe »
Aucun affirme connaître son voisin. « Etes-vous dans un club de supporters ? », demande la présidente au jeune Léo. « Je suis supporter, oui », élude-t-il. Un supporter adhérent aux Ultras, comme l’ajoute son avocat qui tance : « Il faut dire la vérité… » Un survêtement des Ultras sur le dos, Julien, boulanger pâtissier aixois de 28 ans, affirme être venu « chanter, dire [son] mécontentement » sans commettre la moindre violence. « Je n’ai rien à me reprocher. Depuis mercredi, je savais qu’il y avait un rassemblement. »
Des prévenus qui viennent des quatre coins de la France, de Marseille à Angoulême en passant par Montceau-les-Mines et la Haute-Marne, et se sont retrouvés dans cette foule de 300 supporters samedi, le tout grâce aux réseaux sociaux. « J’ai reçu un message du groupe », indique Mathieu, auteur d’un snap ayant pour légende : « Grosse action à la commanderie. »
Une « attaque en règle »
« Ce qui était inimaginable le vendredi est devenu visible samedi : des supporters venus attaqués le centre de leurs idoles », se désole le procureur de la République André Ribbes, qui dénonce une « attaque en règle, dès le départ, hyperviolent. » Un procédé qui justifie, selon lui, le mandat de dépôt contre l’ensemble du groupe pour éviter toute récidive, alors que se tient ce dimanche un match à domicile contre le PSG. Pour autant, le procureur admet ne pas avoir face à lui les organisateurs d’une telle manifestation. « Je cherche d’autres auteurs ».
« On veut les garder en détention, parce que samedi prochain il y a match, s’indigne Me Nicolas Besset, avocat de plusieurs prévenus. Est-ce que c’est un motif suffisant sachant qu’on avait à peu près 300 manifestants ? Il y en a quelque 286 qui courent dans la nature. »
Pendant ce temps, Julien, le boulanger-pâtissier aixois, s’effondre, abattu à l’idée de passer les prochains jours en prison. Les larmes coulent jusqu’à son masque, en silence, les yeux fixés sur le mur d’en face. Le jeune homme fera partie des huit prévenus placés en détention provisoire au moins jusqu’à la tenue du procès, renvoyé au 24 février. Soit la date envisagée pour le match qui opposera enfin Marseille à Rennes.