Les troublantes recherches Internet du couple Bourgeon-Makhlouf

Affaire Fiona : Les troublantes recherches Internet du couple Bourgeon-Makhlouf

AFFAIRE FIONACécile Bourgeon et son ancien compagnon Berkane Makhlouf sont actuellement jugés en appel devant les assises du Rhône pour la mort de la petite Fiona en 2013
Caroline Girardon

Caroline Girardon

L'essentiel

  • Septième journée de procès pour Berkane Makhlouf et Cécile Bourgeon, la mère de Fiona, jugés tous deux en appel à Lyon pour la mort de l’enfant.
  • Ce mercredi, un expert en informatique est venu présenter le fruit des fouilles menées dans les ordinateurs ou téléphones des accusés.
  • Il a fait des découvertes pour le moins troublantes.

A la cour d’assises du Rhône, à Lyon

La mort de Fiona est-elle survenue le dimanche 12 mai 2013 comme le prétendent les accusés ? Sa disparition a-t-elle été préméditée ? Au septième jour du procès en appel de Cécile Bourgeon, la mère de l’enfant, et de son ancien compagnon Berkane Makhlouf, les interrogations sont légion. De troublantes recherches, effectuées sur Internet par le couple, sont venues plus que jamais insinuer le doute dans les esprits. Et malmener d’une certaine façon l’hypothèse selon laquelle l’enfant aurait succombé de manière accidentelle.

Après le décès de la fillette, Jean-François Tyrol, expert en informatique, a été mandaté pour fouiller les ordinateurs et téléphones portables des accusés. Et ses découvertes, bien que partielles, ont de quoi interloquer.

« Cela ne prouve rien », selon la défense

L’homme a d’abord déniché une photo logée dans le cache Internet d’un ordinateur. Une photo, qui remonte au 6 mai 2013, expliquant la manière « d’attraper un enfant sans lui déboîter le bras ». Il a aussi découvert la consultation, sur Facebook, d’un avis de recherche signalant la disparition de deux enfants à Marseille. La trace du document a été précisément datée. « C’était le samedi 11 mai à 20h54 », révèle l’expert. Soit la veille du décès supposé de Fiona. Troublant lorsque l’on sait que le couple a fait croire, pendant des semaines, que la fillette avait été kidnappée dans un parc.

Mais pour Renaud Portejoie, avocat de Cécile Bourgeon, cela ne prouve rien. « Cette photo a été partagée par 4.000 personnes sur Facebook. Potentiellement, des centaines de milliers d’utilisateurs ont pu être destinataires de ce partage et se retrouver avec cette photo sur leur ordinateur », soulève-t-il. « C’est vrai, concède Jean-François Tyrol. On ne peut pas déduire qu’il y avait de recherches pour cliquer sur cette image. Elle a pu apparaître sur le fil d’actualité. »

Des recherches sur des infanticides

Mais les découvertes de l’expert ne s’arrêtent pas là, réservant bien d’autres surprises. Les disparitions ou les infanticides semblent avoir particulièrement piqué la curiosité des deux accusés. En témoignent plusieurs consultations d’articles : un sujet, publié sur Paris Match, consacré à John Bennett Ramsey, homme d’affaires américain soupçonné d’avoir assassiné, au milieu des années 90, sa fille de 6 ans, une mini-miss populaire. Un autre sur Typhaine Taton, une enfant de 5 ans victime de maltraitances, dont le corps a été retrouvé en France en 2009. Mais aussi des recherches sur Aylson DiLaurentis, un personnage fictif de la série Pretty Little Liars mystérieusement disparue. Et dont la dépouille a été découverte un an après, sans aucune trace du tueur.

Pas facile de fouiller dans les méandres de la toile. D’autant que les principaux intéressés semblent avoir effacé bon nombre de cookies ou traces permettant d’identifier précisément le fruit de leurs recherches. L’expert a néanmoins pu déceler quelques mots-clés revenant régulièrement entre le 9 septembre et le 24 septembre 2013 : « Fiona », « Apprendre l’islam », « Comment porter un hidjab, » « grosse cochonne musulmane », « disparition », « femme battue », « invocation contre la haine ».

A en croire, les constations de Jean-Yves Tyrol, Cécile Bourgeon s’est également rendue sur des forums dédiés aux familles dont les enfants ont disparu. Elle aurait aussi consulté des forums de mamans pour parcourir les rubriques « Enfant insupportable » et « Crise de nerfs. Help ! ». Sans parler de recherches effectuées en mai 2012 sur des « viols et séquestration » d’enfant ou sur Estelle Mouzin.

De quoi méduser l’assistance. Les deux accusés n’ont d’ailleurs pas été invités à se justifier. Ils seront certainement questionnés sur ce point jeudi et vendredi lors de leurs auditions devant les jurés. Ils encourent 30 ans de réclusion criminelle. Le verdict est attendu le 16 décembre.