PROCÈSAccusé d’agressions sur 300 enfants, Le Scouarnec de retour aux assises

Affaire Le Scouarnec : Le chirurgien de retour aux assises pour répondre de « viols sur mineurs »

PROCÈSSurnommé « le chirurgien de Jonzac », Joël Le Scouarnec doit être jugé à partir de ce lundi pour « viols sur mineurs »
Vincent Vantighem

Vincent Vantighem

L'essentiel

  • Après une première interruption en mars en raison du coronavirus, le procès de Joël Le Scouarnec pour « viols sur mineurs » doit reprendre, ce lundi, à Saintes, devant la cour d’assises de Charente-Maritime.
  • Le chirurgien est accusé d’avoir agressé plus de 300 enfants en 28 ans. La plupart des dossiers étant toujours au stade de l’instruction, le procès de ce lundi ne concerne que quatre victimes présumées.
  • Alors qu’il est resté « distant et détaché » lors de l’enquête, les victimes espèrent que Joël Le Scouarnec va enfin passer aux aveux.

«Jusqu’à la nausée… » Même Stéphane Kellenberger, le procureur de la République de Lorient (Morbihan), n’a pu se retenir de dire son dégoût devant le décompte des faits reprochés aujourd’hui à Joël Le Scouarnec et sur lesquels ses services ont dû enquêter. Après une première audience interrompue en mars en raison de l’épidémie de coronavirus, le procès de cet ancien chirurgien pour « viols sur mineurs » doit reprendre, ce lundi, devant la cour d’assises de Saintes (Charente-Maritime).

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A l’origine, les médias l’avaient surnommé le « chirurgien de Jonzac » du nom de cette petite ville où il exerçait. Où il est soupçonné d’avoir violé de jeunes patients. Et puis l’enquête a établi qu’il avait aussi travaillé à Loches (Indre-et-Loire), Vannes (Morbihan), Quimperlé (Finistère)… Et que la liste de ses victimes pourrait être bien plus longue que ce que l’on imaginait alors…

Car le chirurgien tenait une comptabilité informatique très précise de tous les enfants qu’il voyait dans les hôpitaux et qu’il est accusé d’avoir agressés, pour certains durant la phase de réveil. Mi-octobre, Stéphane Kellenberger a donc indiqué en avoir recensé 312 pour lesquels les faits ne sont pas prescrits : 164 garçons et 148 filles dont l’âge moyen, au moment des faits, était de 11 ans seulement. « Cent sept faits sont susceptibles de recevoir une qualification criminelle de viol aggravé », a-t-il résumé.

Ses nièces ont bien essayé de dénoncer les faits

La plupart de ces dossiers sont toujours en cours d’instruction et feront l’objet d’un autre procès. Ce lundi, Joël Le Scouarnec devra répondre d’accusations n’émanant que de quatre personnes. Lucie*, sa voisine qui a permis son arrestation en 2017, une patiente dont il aurait abusé lors d’une opération pour une pancréatite aiguë alors qu’elle n’avait que quatre ans et ses deux nièces.

Aujourd’hui trentenaires, ces dernières sont sans doute les mieux à même d’expliquer comment leur oncle a pu traverser les décennies et les départements sans jamais être inquiété ou presque, alors que les accusations le visant portent sur une période allant de 1986 à 2014. « Mes clientes ont bien essayé de dénoncer les faits qu’elles ont subis entre 2 et 9 ans auprès de leurs proches. Mais on leur a dit : ‘’Ce n’est pas grave…’’ », expliquait ainsi en mars Delphine Driguez, l’avocate des deux nièces.

Une famille où l’inceste se pratique « de père en fils »

Joël Le Scouarnec semble en effet avoir tiré parti de l’omerta qui régnait dans cette famille où l’inceste se pratiquait de « père en fils », selon une source proche du dossier. Et qui entraîne aujourd’hui des remords. En mars avant que le procès ne soit interrompu, la sœur du chirurgien, citée comme témoin, avait confié en larmes son sentiment de culpabilité à l’égard de ses filles et de « toutes les victimes », selon un avocat présent. Son frère l’avait alors reprise : « Tu n’es pas responsable, c’est moi… »

Sera-t-il capable d’en dire davantage à partir de ce lundi ? « Il est temps qu’il passe aux aveux pour que les victimes puissent se reconstruire », réclame Francesca Satta, l’avocate des parents de Lucie*. Ce n’est pas acquis. Lors de l’enquête, le chirurgien s’est montré « plutôt distant et détaché (…) se retranchant dans une absence alléguée de souvenirs… », indique une source proche de l’enquête.

La cour d’assises de Charente-Maritime a jusqu’au jeudi pour parvenir à le faire parler. Aujourd’hui âgé de 70 ans, Joël Le Scouarnec encourt une peine de 20 ans de réclusion. Comme le Code de procédure pénale le prévoit, ce procès devrait se dérouler à huis clos.

* Le prénom a été changé