Procès Saint-Cyr : « J’ai manqué de force morale »… Le « père » de la promotion reconnaît sa responsabilité après la mort d’un élève
BIZUTAGE•Sept militaires de l’école militaire de Saint-Cyr Coëtquidan sont jugés depuis lundi, huit ans après la mort de Jallal HamiC. A. avec AFP
L'essentiel
- Sept militaires de l’école Saint-Cyr sont jugés depuis lundi par le tribunal correctionnel de Rennes.
- Ils comparaissent pour homicide involontaire huit ans après la mort de Jallal Hami.
- L’élève officier était mort noyé lors d’une activité nocturne de « bahutage » où il devait nager dans une eau à 9 degrés.
Il l’avait fait devant les enquêteurs. Il l’a de nouveau admis devant les juges. Interrogé ce mardi par le tribunal correctionnel de Rennes, le capitaine Marc Assier de Pompignan a reconnu avoir une part de responsabilité dans la mort de Jallal Hami. Celui qui était « père système » de la promotion lorsque l’élève officier s’était noyé il y a huit ans est le seul à assumer une part de responsabilité. Depuis lundi, sept militaires de la prestigieuse école de Saint-Cyr Coëtquidan sont jugés pour homicide involontaire. En octobre 2012, les sept hommes avaient participé, de près ou de loin, à l’organisation d’une nuit de « bahutage » qui avait coûté la vie à un élève officier. Jallal Hami était mort noyé au fond d’un étang qu’il tentait de traverser dans une eau à 9 degrés. Un atelier organisé en pleine nuit par des élèves de deuxième année et censé « transmettre les traditions » de Saint-Cyr.
« Un homme est décédé car j’ai manqué de force morale », a reconnu le prévenu, aujourd’hui âgé de 31 ans, avant de se tourner vers les parties civiles. « Je voudrais présenter mes condoléances en mon nom propre et au nom de la promotion de Castelnau ». Interrogé sur les conditions qui ont mené à la mort de Jallal Hami, le capitaine Assier de Pompignan a livré ses vérités. Oui, la première traversée s’était « extrêmement mal passée ». Oui, il aurait « dû imposer d’interdire l’activité pour qu’elle ne soit pas reconduite ». Mais « je n’ai pas eu la force morale de le faire », admet-il, ému aux larmes.
« Vous avez trouvé les mots justes »
« Vous assumez vos responsabilités. Je vois votre souffrance quand vous déposez devant le tribunal. Vous avez trouvé les mots justes à l’égard de la partie civile, c’est important », relève le procureur Philippe Astruc.
Dans la matinée, le « numéro 2 » de la promotion n’avait pas été aussi loin dans sa reconnaissance de culpabilité. Hugues Delvolve, 30 ans, qui était « colonel des gardes » au moment des faits a tenté de décrire la scène. « La situation a malheureusement complètement dérapé et a échappé à tout contrôle. L’objectif n’a jamais été de créer une situation virant au drame ». Lui a démissionné de l’armée cet été, après avoir été cadre pendant cinq ans dans un régiment d’infanterie.
Le procès se poursuit jusqu’à vendredi. Deux officiers qui supervisaient l’école doivent également être entendus par le tribunal ce mardi et mercredi matin. Ces derniers contestent fermement avoir commis une faute et demandent la relaxe.