La mort de Yanis, 5 ans, n’est pas due à une chute, selon les experts

Pas-de-Calais : La mort de Yanis, 5 ans, n’est pas due à une chute, selon les médecins légistes

JUSTICEAu troisième jour du procès du beau-père et de la mère de Yanis, mort après une punition, deux médecins légistes ont balayé la thèse de la chute accidentelle, avancée par l’accusé
20 Minutes avec AFP

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Des lésions « incompatibles » avec une chute et « évocatrices de violences volontaires ». C’est ce qu’ont affirmé, ce mercredi, deux médecins légistes au troisième jour du procès du beau-père et de la mère de Yanis, cinq ans, décédé en 2017, à Aire-sur-la-Lys, dans le Pas-de-Calais, lors d’une punition. Il avait succombé à « un traumatisme crânien ».

L’état d’hypothermie « avancée » dans lequel se trouvait l’enfant, retrouvé presque nu et trempé par une température de cinq degrés, a pu accélérer la mort, ont-ils estimé devant la cour d’assises du Pas-de-Calais.

Thèse de l’accident battue en brèche

Jugé pour « homicide volontaire » sur le fils de sa compagne dans la nuit du 5 au 6 février 2017, Julien M., 34 ans, avait réitéré la veille sa thèse d’un accident, déjà battue en brèche par les expertises scientifiques, évoquant deux chutes de l’enfant, dans un talus et de vélo. La mère, Emilie I., 23 ans au moment des faits, est, pour sa part, jugée pour n’avoir pas empêché le crime.

Selon l’enquête, l’accusé avait emmené l’enfant courir au bord du canal à 0 h 30 pour avoir fait « pipi au lit », une punition « coutumière ». Lui a affirmé, mardi, être seulement sorti chercher du tabac accompagné de l’enfant. Il n’a reconnu qu’une « tape » légère assenée à l’aide d’une lampe torche à l’arrière du crâne et deux ou trois « petites tapes » du doigt.

« Pas moins de 30 traces de contusions distinctes, dont certaines non contemporaines – remontant à plusieurs jours – et des éraflures diverses ont été constatées sur le corps de la petite victime », a déclaré un médecin légiste de l’institut médico-légal de Lille.

Projection des photos de l’autopsie

« Ces abrasions ont pu être provoquées par une ou plusieurs chutes mais des lésions traumatiques profondes au niveau de la boîte crânienne sont incompatibles avec ces chutes et sont évocatrices de violences volontaires », a-t-il assuré, une consœur confirmant ses propos.

D’autres lésions, constatées « sur les membres et la face » ne peuvent résulter de chutes, ont jugé les praticiens. La « chute du vélo » que l’accusé relate ne « peut pas » non plus être à l’origine de cette lésion cérébrale, comme l’a notamment montré la reconstitution réalisée pendant l’enquête.

Ces dépositions ont donné lieu à la projection des photographies de l'autopsie de la victime : l’une des tantes de Yanis est sortie, la mère manifestant pour la première fois son émotion en détournant la tête, et se cachant le visage.