Nice : Après la cathédrale Saint-Nicolas, l’autre église russe de la ville disputée au tribunal
RELIGION•La Russie en revendique la propriété face à l’Association cultuelle orthodoxe russeFabien Binacchi
L'essentiel
- Il y a neuf ans, la justice confirmait l’attribution de la propriété de la cathédrale Saint-Nicolas à la Fédération de Russie.
- Elle dispute désormais la propriété de l’église Saint-Nicolas-et-Sainte-Alexandra de Nice à l’Association cultuelle orthodoxe russe.
La Fédération de Russie et l’Association cultuelle orthodoxe russe (Acor) de Nice vont à nouveau croiser le fer devant les tribunaux. Neuf ans après avoir dû céder les clés de la cathédrale Saint-Nicolas, classée au titre des monuments historiques, l’association se voit également disputer la propriété de l’église Saint-Nicolas-et-Sainte-Alexandra de Nice, premier édifice religieux russe-orthodoxe construit en Europe de l’ouest.
« Le tribunal judiciaire de Nice est appelé à examiner, (ce mardi) à 9 heures, la légalité des actes de propriété déposés en 2014 par la Fédération de Russie, qui demande au tribunal d’ordonner l’expulsion de l’association cultuelle, au besoin avec le concours de la force publique », s’agace le président de l’Acor, Alexis Obolensky.
Une « stratégie agressive »
C’est la suite, selon lui, « d’une stratégie agressive de l’Etat russe visant à prendre possession, par tous les moyens, des églises orthodoxes construites hors de Russie avant la révolution bolchevique ». La justice française a suivi la Russie jusque-là.
Le 20 janvier 2010, le tribunal de grande instance de Nice décidait, en première instance, de lui attribuer la propriété de la cathédrale Saint-Nicolas. Le 19 mai 2011, la cour d’appel d’Aix-en-Provence confirmait le jugement arguant notamment que la propriété « est imprescriptible et ne se perd pas par le non-usage ». L’Acor, qui mettait en avant le fait que la Fédération de Russie s’est désintéressée de la cathédrale depuis 1917 et la Révolution russe, se pourvoyait en cassation. La cour rejetait ce pourvoi en avril 2013.
Inaugurée en 1859
« Chassée » selon Alexis Obolensky, « la paroisse orthodoxe niçoise » avait alors « recentré sa vie liturgique au sein de son église historique », l’église Saint-Nicolas-et-Sainte-Alexandra, rappelle-t-il. Inauguré en 1859 dans le centre de Nice (rue Longchamp) pour répondre au besoin spirituel de l’importante communauté russe formée alors sur la Riviera, l’édifice religieux devenait rapidement exigu.
La cathédrale Saint-Nicolas ouvrait ses portes quelques décennies plus tard, en 1912. Elle trône désormais boulevard du Tzaréwitch, à l’extrémité de l’avenue Nicolas-II.
Quoi qu’il en soit, pour les avocats de la Fédération de Russie, Me Roy Spitz et Andrea Pinna, cette deuxième affaire est similaire à la précédente. L’association n’aurait jamais été véritablement propriétaire des lieux, mais uniquement son gestionnaire. « Cela a déjà été tranché », ont-ils plaidé. Le jugement a été mis en délibéré au 25 février.