Policiers agressés au Nouvel an à Champigny : Comment les enquêteurs ont identifié les huit prévenus
PROCES•Dans la nuit du 31 décembre au 1er janvier 2018, deux policiers ont été violemment pris à partie pour des débordements en marge d’une fête de la Saint-Sylvestre à Champigny-sur-MarneCaroline Politi
L'essentiel
- Trois ans après l'agression de deux policiers lors d'une soirée du Nouvel an à Champigny-sur-Marne, huit personnes sont jugées à partir de mardi.
- Quatre d'entre elles doivent répondre de violences en réunion sur personne dépositaire de l'autorité publique et encourent 7 ans de prison.
Les images avaient choqué jusqu’au sommet de l’État : deux policiers, dont une à terre, roués de coups au cours d’une intervention après des débordements lors d’une fête sauvage du Nouvel an 2018 à Champigny-sur-Marne. Presque trois ans après les faits, sept hommes et une femme, âgés de 21 à 23 ans, comparaissent à partir de ce mardi et pour trois jours devant le tribunal correctionnel de Créteil. Quatre d’entre eux devront répondre de faits de violences en réunion et sur personne dépositaire de l’autorité publique, deux autres sont poursuivis pour avoir filmé puis diffusé la vidéo sur les réseaux sociaux et deux autres pour ne pas s’être interposés. Quatre mineurs, également mis en cause dans ce dossier, comparaîtront devant le tribunal pour enfants.
La rixe avait démarré quelques minutes après minuit aux abords d’un hangar transformé sans autorisation en salle de fête pour la Saint-Sylvestre. Vers 23 h 40, une patrouille est appelée car un groupe d’individus, furieux de ne pas pouvoir entrer, tente de forcer l’entrée. Sous la pression, une cloison du bâtiment s’est effondrée.
S’attacher aux détails
Mais à peine arrivé, les deux policiers sont pris à partie par une quinzaine de personnes. La gardienne de la paix, qui n’affichait qu’un an d’expérience, essuie des coups de pied et de poing alors qu’elle est au sol, entraînant un traumatisme crânien et de multiples hématomes. « Ma cliente a pris conscience de la violence de la scène qu’elle venait de vivre en revoyant la vidéo qui a circulé sur les réseaux sociaux, cela a été un double choc », confie son avocate Me Ariane Mineur. Son capitaine a le nez fracturé. Tous deux se sont vus prescrire dix jours d’interruption totale de travail.
« Les coupables du lynchage et criminel des policiers faisant leur devoir la nuit du 31 seront retrouvés et punis », avait immédiatement réagi Emmanuel Macron sur Twitter. Pendant plusieurs mois, les enquêteurs se sont attachés à décortiquer les nombreuses vidéos virales pour tenter d’identifier les auteurs des coups. Car si beaucoup d’images ont circulé, les films sont souvent flous, mal cadrés.
Un témoignage capital
Comme c’est souvent le cas dans ce genre d’affaire, lorsque aucun visage n’apparaît nettement, les enquêteurs cherchent à mettre en lumière des signes distinctifs, qu’ils soient physiques ou vestimentaires. Ainsi ce jour-là, ils notent qu’un des auteurs à des baskets rouges, un autre des jaunes, un a les cheveux décolorés…
A cette exploitation vidéo, s’est ajouté le témoignage d’un homme qui a affirmé aux enquêteurs avoir pris le bus avec plusieurs jeunes s’étant vanté d’avoir frappé une policière à terre. Autant d’éléments qui ont ensuite été recoupés avec des images plus nettes, notamment de vidéosurveillance et une analyse de la téléphonie. Interpellés au mois d’avril 2018, plusieurs mis en cause ont reconnu avoir porté des coups, affirmant parfois avoir agi sous l’influence de l’alcool ou du groupe. La majorité d’entre eux n’ont pas de casier judiciaire. Ils encourent jusqu’à 7 ans de prison et 100.000 euros d’amende.