Avignon : Attentat, attaque identitaire ou coup de folie… Pourquoi un homme a-t-il été abattu par les policiers ?
DÉCRYPTAGE•Quelques heures après l’attentat de Nice, les forces de l’ordre ont abattu, jeudi matin à Avignon, un homme qui brandissait une arme dans la rueVincent Vantighem
L'essentiel
- Un homme âgé de 33 ans a été abattu par la police jeudi alors qu’il brandissait une arme dans une rue du quartier de Montfavet, à Avignon.
- D’abord présenté à tort comme un militant islamiste ayant crié « Allahou Akbar », cet homme appartiendrait, en réalité, à la mouvance identitaire.
- Mais, selon le procureur d’Avignon, c’est surtout ses antécédents psychiatriques qui expliqueraient son geste.
«Manifestement, il s’agissait surtout de quelqu’un de très perturbé psychologiquement… » Philippe Guémas, le procureur d’Avignon tente encore, ce vendredi matin, de démêler le vrai du faux alors qu’un homme armé a été abattu, jeudi, dans le quartier de Montfavet. D’abord présenté à tort comme un terroriste islamiste, l’homme a finalement été identifié comme un militant de la mouvance identitaire. Quelques heures après l’attentat de Nice, il n’en fallait pas plus pour enflammer les réseaux sociaux. 20 Minutes revient sur cet emballement…
Que s’est-il passé exactement ?
Jeudi, vers 10h, la police reçoit un coup de téléphone leur signalant la présence d’un homme armé sur la voie publique. Selon le signalement, il s’agit d’un homme porteur d’une arme de type pistolet et qui menace des automobilistes dans le quartier de Montfavet, à 2 km du centre-ville d’Avignon. Sur place, les policiers découvrent un homme très agité qui, rapidement, leur fonce dessus en brandissant son arme. Il est immédiatement abattu. Il avait 33 ans.
Pourquoi la piste terroriste a-t-elle d’abord été évoquée ?
Très rapidement, Europe 1 publie l’information en exclusivité sur son site Internet. La radio assure que l’individu en question aurait crié « Allahou Akbar » en attaquant les policiers. Quelques heures après l’attentat de Nice (Alpes-Maritimes), l’information se répand comme une traînée de poudre sur les réseaux sociaux. Sauf que l’individu n’a jamais prononcé ses mots. Europe 1 corrige donc son information. Mais la rumeur d’un attentat persiste, notamment sur Twitter.
A quel moment a-t-on appris que l’individu était de la mouvance identitaire ?
Jeudi après-midi, Le Monde donne des éléments d’information dans son « live » consacré à l’attentat de Nice. Le quotidien du soir assure que l’individu en question aurait menacé un commerçant maghrébin en se revendiquant du mouvement d’extrême-droite « Génération identitaire ». Dans la soirée, le parquet d’Avignon n’est pas en mesure de confirmer cette information. Il précise cependant que « la piste terroriste est écartée ». D’ailleurs, le parquet antiterroriste décide de ne pas se saisir de l’affaire.
Qu’indiquent les premiers résultats de l’enquête ?
Joint ce vendredi matin par 20 Minutes, Philippe Guémas, le procureur d’Avignon, confirme finalement que l’homme abattu par les forces de l’ordre faisait bien partie de la mouvance identitaire. « Il était notamment porteur d’une doudoune bleue aux couleurs du mouvement Génération identitaire ». Il s’agit d’un vêtement floqué d’un logo « Defend Europe » du nom d’une opération menée par ce groupe dans les Alpes en 2018.
« Surtout, cet homme avait des antécédents psychiatriques, poursuit le procureur. Il a tenu des propos sans queue ni tête mais il n’y avait aucune connotation religieuse… Je ne crois pas qu’il a menacé qui que ce soit [oralement]. Manifestement, il s’agissait surtout de quelqu’un de très perturbé psychologiquement. »
Pourquoi la polémique continue-t-elle d’enfler ?
Sur les réseaux sociaux, la polémique se poursuit, ce vendredi matin. Plusieurs internautes s’indignent du fait que les médias n’assimilent pas ce fait divers à une attaque terroriste alors que l’auteur des faits a tenu un discours politique contre les Maghrébins. Ce que l’enquête n’a révélé, rappelons-le.
De leur côté, les identitaires se sont désolidarisés de cet homme, indiquant qu’il n’avait jamais milité chez eux et qu’il n’était pas connu dans leurs rangs. Une militante qui répond au pseudonyme de Thaïs d’Escufon a publié une vidéo à ce propos.
aQue va-t-il se passer désormais ?
Le procureur d’Avignon indique que l’enquête va se poursuivre pour tenter de savoir si cet homme avait « une motivation idéologique » dans son passage à l’acte ou s’il a agi en raison de ses antécédents psychiatriques. « Un travail est en cours à ce propos », indique-t-il. Seul moyen de mettre fin à la polémique sans doute.