PROCESDes « gilets jaunes » penauds après l'intrusion au ministère de Griveaux

Intrusion au ministère de Griveaux : Avec le recul, « c’était ridicule », reconnaissent les « gilets jaunes »

PROCESCinq « gilets jaunes » sont jugés pour avoir forcé la porte du ministère de Benjamin Griveaux à l'aide d'un transpalette, le 5 janvier 2019
Vincent Vantighem

Vincent Vantighem

L'essentiel

  • Le 5 janvier 2019, la porte du ministère de Benjamin Griveaux, alors porte-parole du gouvernement, avait été enfoncée par un transpalette conduit par des « gilets jaunes » lors d'une manifestation.
  • Cinq d'entre eux ont comparu devant la 14e chambre du tribunal judiciaire de Paris, ce mercredi, après le renvoi de leur procès à quatre reprises.
  • Le tribunal a diffusé une douzaine de vidéos tournées par les « gilets jaunes » eux-mêmes, qui établissent clairement les responsabilités.

Au tribunal judiciaire de Paris,

C’était une époque où les masques servaient à se protéger des gaz lacrymogènes plus que du coronavirus.Benjamin Griveaux était porte-parole du gouvernement et même pas encore candidat (LREM) à la mairie de Paris. Et où les « gilets jaunes » pouvaient organiser des manifestations sans aucune crainte de confinement.

C’est un procès anachronique qui a débuté, ce mercredi, devant la 14e chambre du tribunal judiciaire de Paris, devant lequel cinq personnes ont été renvoyées pour un « vol » et des « dégradations » commises le 5 janvier 2019, lors de l’acte 8 des « gilets jaunes ». Le « vol » d’un chariot élévateur à l’aide duquel des « dégradations » ont été perpétrées sur l’hôtel de Rothelin, au 101 rue de Grenelle, dans le 7e arrondissement cossu de Paris. Construit en 1703 pour Philippe d’Orléans, il était occupé en 2019 par Benjamin Griveaux, alors porte-parole du gouvernement.

Les propres vidéos des « gilets jaunes » en guise de preuve

A l’époque, il avait dû être exfiltré de ses bureaux. Et les images de l'instrusion avaient tourné en boucle. On y distingue le fameux transpalette enfoncer la porte cochère de l’hôtel particulier sous les vivats d’une foule aux gilets fluorescents. Les images issues de la vidéosurveillance sont un peu floues. Mais pas celles des manifestants, qui ont tous sorti leurs téléphones pour immortaliser l’événement, qui sur Facebook, qui sur Twitter, qui sur YouTube. A l’époque, ils ne se doutaient pas que cela constituerait autant de preuves pour la justice.

« Quand je revois ça, c’était ridicule… Ridicule… », souffle Sylvie. B., l’une des vidéastes qui comparaît devant le tribunal. Et comme les autres prévenus, elle a bien du mal à justifier ce qui s’est passé. « Sur la vidéo, on vous entend demander à la foule d’aider un manifestant à décrocher une barrière. Pourquoi ? », lui demande la présidente. « Euh… C’est ridicule… », répète-t-elle.

« Je suis monté dessus comme un enfant sur un manège… »

A la barre, chacun y va de son couplet. Thomas. S, né en 1997, tente l’excuse panurgique quand on lui demande pourquoi il a grimpé sur le chariot. « C’est l’effet de foule… Je suis monté dessus comme un enfant sur un manège. » Kevin. L. lui, tente la mauvaise foi : « Je n’avais pas envie de marcher toute la rue… »

Et Romain. M. qui était aux commandes du transpalette, avance, lui, les effets de l’alcool. « On a démarré la manifestation. De fil en aiguille, voilà, j’étais un peu alcoolisé. Je manipule ce genre d’engins tous les jours au travail. Je sais faire. J’étais galvanisé. Y’a rien à dire de plus… » Mais pourquoi a-t-il lancé l’engin dans la porte du ministère ? « Honnêtement, c’est une très bonne question. Je ne sais pas… »

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Il lui reste une journée pour tenter de trouver une réponse convaincante. Après un après-midi à visionner les images et interroger les « gilets jaunes », le tribunal a prévu d’entendre jeudi les plaidoiries des avocats et les réquisitions du procureur. Les prévenus encourent des peines pouvant aller jusqu’à sept ans de prison. Sans parler du remboursement éventuel des frais occasionnés par les dégradations dans le ministère et dans deux agences bancaires voisines, évaluées à près de 300.000 euros. Le jugement devrait être mis en délibéré.