Disparition d’Estelle Mouzin : Les recherches se poursuivent sur les terres ardennaises de Fourniret
REPORTAGE•Michel Fourniret et son ex-femme, Monique Olivier, ont été conduits, lundi, dans les Ardennes pour tenter de retrouver le corps de la fillette de 9 ans, disparue à Guermantes (Seine-et-Marne)Vincent Vantighem
L'essentiel
- Près de 18 ans après les faits, Michel Fourniret a fini par reconnaître sa participation dans la disparition et la mort d’Estelle Mouzin.
- Désormais chargée de l’enquête, la juge Sabine Khéris multiplie les opérations pour tenter de retrouver le corps de la fillette. Mais malade et vieillissant, Michel Fourniret se montre peu coopératif.
- Ce lundi, le tueur en série et son ex-femme, Monique Olivier, ont été emmenés à Ville-sur-Lumes (Ardennes) où la fillette aurait été tuée. Ainsi que dans un cimetière proche de là.
Dans les Ardennes,
Dans sa perversité absolue, Michel Fourniret avait évidemment osé. « Il y a là quelque chose à creuser... », avait-il lâché dans le bureau de la juge Sabine Khéris, le 14 mars 2019, au sujet de la disparition d’Estelle Mouzin. Depuis, le tueur en série a reconnu avoir enlevé la fillette de 9 ans. Mais, volontairement ou pas, il peine à donner des indices permettant de retrouver son corps et de découvrir, enfin, ce qu’il s’est passé il y a quasiment 18 ans.
Après une première tentative infructueuse en juin, la magistrate a donc prévu une nouvelle semaine de recherches sur les terres ardennaises de « l’ogre ». En sa compagnie et celle de son ex-femme, Monique Olivier. Lundi, l’ancien couple maléfique a été emmené à Ville-sur-Lumes, dans l’ancienne maison blanche de la sœur de Michel Fourniret où il aurait, selon Monique Olivier, violé et étranglé l’écolière de Guermantes (Seine-et-Marne).
Sur place, les gendarmes ont fait décoller un drone. Les bérets rouges du 17e régiment du génie parachutiste, spécialisés dans les fouilles, se sont déployés dans les champs alentour. Mais le dispositif a vite été levé. Et le convoi de vingt-et-un véhicules emmenant le tueur est reparti sans que quiconque ne cherche autour de la balançoire et du trampoline installés dans le jardin de cette demeure aujourd’hui habitée par une famille forcément bouleversée par les événements.
Le cimetière de Montcy-Saint-Pierre pose question
Tractopelle à disposition, géoradar capable de sonder le sol jusqu’à 1,50 m de profondeur… Le dispositif est impressionnant. « Mais il a été conçu avec une grande souplesse qui permet de s’adapter à la situation en temps réel », indique une source proche de l’enquête. Si la juge a coché une semaine complète dans son agenda, elle n’a, en effet, pas défini d’itinéraire particulier et entend se laisser porter par les éventuelles indications que Michel Fourniret, lui-même, pourrait livrer au cours de cette pérégrination.
Est-ce pour cela que le dispositif a vite été remballé à Ville-sur-Lumes ? Impossible de le savoir. Mais lundi en fin d’après-midi, les enquêteurs ont fini par installer leurs fourgonnettes à six kilomètres plus à l’ouest. Au cimetière de Montcy-Saint-Pierre, exactement. Là, dans les allées escarpées donnant sur une prairie occupée par des vaches, on a aperçu les gendarmes balayer le sol de leurs lampes torches alors que le soir tombait. Une longue sonde en métal a perforé la terre mais aucune fouille n’a véritablement été entreprise.
Le fauteuil roulant n’a pas servi
Aucune information n’a filtré sur les raisons ayant poussé les enquêteurs à cet endroit. Mais Michel Fourniret connaît forcément le secteur. En 1989, il a enlevé et tué Jeanne-Marie Desramault, une jeune fille de 21 ans, qui faisait ses études à deux kilomètres à peine de là, au lycée Sévigné. Manipulateur, Michel Fourniret pourrait volontairement mélanger les affaires afin de mieux perdre les enquêteurs.
A moins qu’il s’agisse d’un effet des troubles neurologiques dont il est atteint. Renfermé, voûté, les cheveux hirsutes, « il vieillit beaucoup », confie en effet une source proche. Lundi, pour la première fois, les enquêteurs avaient apporté un fauteuil roulant afin de faciliter les choses. Mais il ne s’en est pas servi. Et on l’a aperçu à plusieurs reprises échanger directement avec certains gendarmes et la juge Khéris.
Celle-ci sait que le temps est compté pour obtenir les derniers secrets de l’ogre aujourd’hui âgé de 78 ans. Une nouvelle journée de fouilles est prévue, ce mardi.