PORTRAITMonique Olivier entendue pour « compléter le puzzle » de l'affaire Mouzin

Disparition d’Estelle Mouzin : Monique Olivier auditionnée pour « compléter le puzzle »

PORTRAITA près de 72 ans, Monique Olivier, l’ex-femme de Michel Fourniret, est aujourd’hui la plus grande chance des enquêteurs de faire avancer l’enquête sur la disparition d’Estelle Mouzin
Vincent Vantighem

Vincent Vantighem

L'essentiel

  • Monique Olivier, l’ex-femme de Michel Fourniret, doit être entendue ce vendredi par la juge d'instruction Sabine Khéris sur la disparition d’Estelle Mouzin.
  • Longtemps liée par un pacte morbide avec « l’ogre des Ardennes », Monique Olivier semble avoir désormais pris ses distances avec lui.
  • Les enquêteurs espèrent qu’elle pourra livrer des détails leur permettant de retrouver le corps de la fillette et de comprendre ce qu’il s’est passé.

«Prisonnier aimerait correspondre avec personne de tout âge pour oublier solitude. » Encore aujourd’hui, Monique Olivier doit se demander ce que sa vie aurait été si elle n’avait pas répondu à cette annonce parue dans Le Pèlerin en 1986. Michel Fourniret serait peut-être resté livré à sa « solitude ». Elle, en tout cas, ne serait jamais devenue sa muse. Puis sa femme. Puis sa complice. Et enfin sa balance…

Divorcée depuis 2010, celle qui va bientôt fêter ses 72 ans n’en a pourtant pas fini avec « l’ogre des Ardennes ». Ce vendredi, elle doit encore être auditionnée par la juge Sabine Khéris dans le cadre de l’enquête sur la disparition d’Estelle Mouzin, dans laquelle Michel Fourniret a reconnu sa participation. Et c’est sans doute la meilleure chance de retrouver le corps de la fillette et de comprendre enfin ce qui s’est réellement passé. « Elle a un vrai rôle à jouer, estime Corinne Herrmann, l’avocate d’Eric Mouzin, le père d’Estelle. Elle doit préciser le scénario. Elle peut donner les pièces pour compléter le puzzle. »

Au bout du 121e interrogatoire, elle le balance

Pourquoi le ferait-elle ? Peut-être parce qu’elle l’a promis. Le 5 février 2019, c‘est elle qui, la première, a soufflé le nom d’Estelle Mouzin à la juge Khéris. Comme 20 Minutes l’avait révélé, elle explique alors qu’elle souhaite évoquer ce dossier « compte tenu du temps qui passe » et « pour aider les familles des victimes ». La déclaration est immédiatement prise au sérieux. Et pour cause : en 2004, c’est elle qui avait fini, au bout du 121e interrogatoire, par dénoncer les meurtres commis par son mari, alors que celui-ci allait justement être remis en liberté…

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Mais Monique Olivier n’est pas une grande communicante. « Elle a un débit de deux mots à l’heure », caricature une source proche du dossier. Il faut donc attendre novembre 2019 pour qu’elle aille plus loin et contredise officiellement l’alibi dont le tueur en série bénéficiait jusqu’alors dans cette affaire. Comme d’habitude, lui n’est pas d’une grande aide. Vieillissant et souffrant de troubles neurologiques dégénératifs, Michel Fourniret continue de dire qu’il n’a pas « souvenance » d’Estelle Mouzin, sans que l’on sache s’il ne s’agit pas simplement d’une stratégie destinée à faire tourner les enquêteurs en rond…

Le pacte abominable est révolu

Mais le temps du pacte entre les ex-époux est révolu. Celui où le tueur avait promis de s’occuper de l’ex-mari de Monique Olivier à condition qu’elle lui amène des jeunes filles vierges pour assouvir ses pulsions. Alors, bien sûr, il continue de la mépriser ouvertement. Au procès de l’affaire du gang des postiches, en 2018, il confirme qu’il la considère comme une « pure idiote », un « pétrin à modeler », une femme qui « n’a rien entre les deux oreilles ». Assise dans le même box, Monique Olivier ne cille pas. Comme si, cette fois-ci, les insultes ne l’atteignaient pas.

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« Elle est plus âgée, désormais. Elle a passé des années en prison, poursuit Corinne Herrmann. On a le sentiment qu’elle a gagné en maturité. » En témoigne la reconstitution des meurtres de Joanna Parrish et de Marie-Angèle Domèce, où les enquêteurs avaient été surpris de la voir tenir tête, pour la première fois, à l’ogre des Ardennes lors d’une confrontation.

Reste à savoir ce qu’elle peut dire à la juge pour faire avancer l’enquête sur la disparition d’Estelle Mouzin. Au risque de révéler des détails sordides à sa famille. Il faut s’y préparer. Lors de sa dernière audition, elle a confié que Michel Fourniret avait été « content » de l’enlèvement de la fillette car il s’était aperçu qu’elle avait eu « très peur »…