Affaire Lelandais : L’emballement médiatique à la barre
PROCES•Pascal Neveu, intervenant régulier sur la chaîne NRJ12, est jugé pour avoir diffamé sur un plateau télé le principal suspect du meurtre de Maëlys20 Minutes avec AFP
Plutôt habitué à analyser le profil des accusés sur les plateaux télé, l’expert Pascal Neveu est cette fois passé du mauvais côté de la barre devant une cour de justice. Il a en profité pour se livrer à un véritable mea culpa sur ses méthodes et l’emballement médiatique lors des grandes affaires criminelles. « Peut-être qu’on se lâche un peu trop. On parle, on parle, peut-être trop » : l’intervenant régulier sur la chaîne NRJ12, a dû répondre mardi de faits de diffamation à l’encontre de Nordahl Lelandais, principal suspect dans l’affaire Maëlys.
Une analyse trop rapide
Se présentant comme psychanalyste à la barre de la sixième chambre de la presse du tribunal judiciaire de Lyon, Pascal Neveu apparaît depuis trois ans dans l’émission Crimes et faits divers, la quotidienne de Jean-Marc Morandini. « On reçoit une accumulation de pages sur l’affaire en question que l’on va lire à toute vitesse et commenter ensuite. Je n’atteste rien sur ces émissions. On est là pour commenter », a fait valoir l’homme de 46 ans.
Dans l’émission du 19 février 2019 qui lui vaut ces poursuites, celui qui dit être payé 150 euros brut par émission, à raison d’une fois par semaine, avait évoqué le contenu de l’hebdomadaire L’Express qui publiait des extraits d’expertises. « On n’aurait peut-être pas dû aller jusque-là cette fois-là », a-t-il reconnu. « Il y a peut-être eu un effet de compétition entre intervenants ». Le prévenu, a tonné Me Jakubowicz défenseur de Lelandais, « se répand à longueur d’années sur un terrain qu’il ne connaît pas. Il n’a aucun diplôme l’autorisant à exercer la profession réglementée de psychothérapeute ». L’avocat est donc allé jusqu’à le qualifier de « mystificateur ».
« Une recherche de sensationnel »
« A chaque fois, il est précisé que les mis en cause sont présumés innocents, mais on ne va pas le répéter toutes les cinq minutes », a relevé Pascal Neveu. « Dans les questions posées lors de ces émissions, il y a une recherche de sensationnel, quelque chose qui se veut excessif, vous êtes d’accord ? », lui a demandé la présidente Brigitte Vernay. « Oui, la recherche du sensationnel est légion », a admis le prévenu. « Lorsqu’on est en direct, il y a cet emballement, cette dynamique. Mais on ne va pas dire au journaliste "stop, je ne réponds pas à vos questions" ».
Pour le représentant du ministère public Bernard Reynaud, qui s’est placé sur le terrain de la morale et non sur celui du droit, cette procédure n’avait cependant pas lieu d’être de la part de Nordahl Lelandais. « Toutes mes pensées vont aux familles des victimes […]. Il y a des droits que l’on peut exercer mais il y a des circonstances qui sont indécentes ». La décision sera rendue le 20 octobre.