PROCESD'anciens salariés d'Hermès jugés pour avoir contrefait le sac « Birkin »

Paris : D’anciens salariés d’Hermès jugés pour avoir contrefait le sac « Birkin »

PROCESLes neuf prévenus sont jugés pour avoir vendu entre 2013 et 2014 à des touristes asiatiques des copies de ce sac emblématique de la marque de luxe française
Thibaut Chevillard

Thibaut Chevillard

L'essentiel

  • Neuf personnes comparaissent à partir de mardi devant le tribunal correctionnel de Paris pour avoir contrefait des sacs Hermès.
  • Plusieurs d’entre eux, qui ont travaillé pour la marque de luxe, sont également poursuivis pour abus de confiance.
  • Ils encourent jusqu’à sept ans de prison et 750.000 euros d’amende.

Le « Birkin ». L’un des sacs les plus emblématiques de la maison Hermès. L’un des plus contrefaits aussi. Rare et onéreux, sur le marché parallèle il s’arrache. Pour que les acheteurs n’y voient que du feu, il faut des spécialistes capables de le reproduire dans les moindres détails. Parmi les neuf personnes qui comparaissent à partir de ce mercredi devant le tribunal correctionnel de Paris, plusieurs anciens salariés de la marque de luxe française qui avaient monté, entre 2013 et 2014, un réseau de contrefaçons particulièrement bien organisé.

Présenté comme étant l’un des trois hommes à tête du réseau, Pierre B. vivait à l’époque au Vietnam et donnait ses instructions aux autres membres du réseau lorsqu’il passait en France. Il faisait également profiter le groupe du savoir faire acquis lorsqu’il travaillait chez Hermès en participant au découpage des peaux que Philippe D. allait acheter en Italie. Aidé par sa compagne, un autre prévenu participait au piquage et au retournage des sacs que Sandrine E. était ensuite chargée de vendre aux touristes asiatiques dont elle recueillait les commandes spécifiques.

Des sacs plus ou moins ressemblants

Plusieurs prévenus sont poursuivis aussi pour abus de confiance. Ayant travaillé chez Hermès, ils ont reconnu avoir ramené chez eux, des outils, des peaux, des pièces métalliques, des outils et des matières appartenant au maroquinier qui estime, dans cette affaire, le préjudice subi à 1,3 million d’euros. « C’est loin d’être exact. Ce ne sont pas trois anciens salariés d’Hermès qui peuvent porter préjudice à cette entreprise dont le chiffre d’affaires est supérieur à un milliard d’euros », affirme le défenseur de Pierre B., Me Alexandre Lazarègue.

Son client, visé par un mandat d’arrêt, n’avait pas forcément « conscience à l’époque de faire de la contrefaçon » lorsqu’il s’est lancé dans ce commerce de « sacs qui ressemblent plus ou moins au "Birkin" ». Mais, ajoute-t-il, la notion d’originalité, prévue dans le code de la propriété intellectuelle, « est instrumentalisée » par les marques de luxe qui ont tendance à attaquer abusivement leurs « concurrents potentiels qui pourraient fabriquer de banals sacs » en les accusant de contrefaçon. « Ce critère de l’originalité est extrêmement flou et tout le monde se cache derrière pour revendiquer la propriété de tout et n’importe quoi. Cela constitue une véritable entrave à la liberté du commerce et de l’industrie. »

Le procès se déroule à Paris jusqu’au 26 juin. Les prévenus poursuivis pour contrefaçon en bande organisée encourent jusqu’à sept ans de prison et 750.000 euros d’amende.