Saint-Malo : Des habitants attaquent en justice l’usine d’engrais Timac Agro
POLLUTION•Ils accusent la filiale du groupe Roullier d’être responsable de la pollution de l’air et des nuisances olfactivesJ.G. avec AFP
Ils en ont marre de la pollution de l’air et des mauvaises odeurs et accusent l’usine de fabrication d’engrais Timac Agro d’en être responsable. Des habitants de Saint-Malo (Ille-et-Vilaine) et l’association Osons ! ont assigné en référé la filiale du groupe Roullier pour « troubles anormaux de voisinage » après des rejets d'ammoniac et de poussières dans l’air. L’un des deux sites incriminés, installation classée pour la protection de l’environnement (ICPE), est situé sur le quai intérieur du port de Saint-Malo, non loin de la vieille ville.
« Il y a une pollution de l’air, des odeurs, des particules de couleur verte et des poussières qui montrent que le processus de fabrication n’est pas maîtrisé. Pendant le confinement, des riverains n’ont même pas pu ouvrir leur fenêtre », explique Alain Guillard, porte-parole d’Osons !, faisant état de maux de tête et de problèmes respiratoires chez les riverains.
Selon des mesures effectuées par l’entreprise et transmises à la Direction régionale de l’Environnement (Dreal) le 2 novembre, « l’usine rejetait 720 mg/m3 alors qu’ils ont une autorisation de 50 mg/m3. Or on sait que l’ammoniac est le précurseur de particules fines cancérigènes », poursuit Alain Guillard.
Une audience prévue le 11 juin devant le tribunal judiciaire
Une audience est prévue devant le tribunal judiciaire de Saint-Malo le 11 juin. Interrogée, l’entreprise n’a pas souhaité commenter une action judiciaire en cours, expliquant travailler « en étroite concertation et en bonne intelligence avec les autorités concernées ». « En juillet 2018, un arrêté préfectoral a mis en demeure l’entreprise de se mettre en conformité avec la réglementation sous un délai de trois mois, mais rien n’a été fait », assure l’avocate des plaignants, Me Virginie Le Roy.
En début d’année, l’entreprise Timac Agro a écopé d’une amende administrative de 5.000 euros pour des dysfonctionnements. « La société poursuit son plan d’action de mise en conformité (…) Elle a ainsi proposé l’arrêt de l’utilisation du sulfate d’ammonium, une substance émettrice d’ammoniac. Celui-ci est effectif depuis la fin de l’année 2019 », indique la préfecture d’Ille-et-Vilaine, précisant qu’une commission « de suivi de site est également en cours de création ». Elle assure par ailleurs que « les mesures d’ammoniac autour du site ne font pas état d’un risque sanitaire », ce que contestent les plaignants, et que « des mesures sont en cours pour vérifier que cette situation est pérenne ».