L’un a été poussé si violemment que sa dent s’est cassée contre le trottoir. Un autre a été traîné, inconscient, sur plusieurs mètres. Une troisième a été plaquée au sol alors qu’elle tenait entre ses mains la poussette de son fils. Trois hommes soupçonnés d’avoir commis, entre les mois de mars et mai 2019, une cinquantaine de vols avec violence sur des personnes appartenant, pour la très grande majorité, à la communauté asiatique, sont jugés pour « vol aggravé » à partir de ce jeudi devant le tribunal correctionnel de Créteil, dans le Val de Marne. Un quatrième, mineur au moment des faits, fait l’objet d’une procédure distincte. Après deux mois d’une activité exclusivement consacrée aux contentieux essentiels, ce procès marque un début de reprise de l’activité judiciaire.

L’affaire débute au début du mois de février 2019 lorsque les enquêteurs de la Sûreté territoriale du Val-de-Marne notent une inquiétante recrudescence de vols violents à l’encontre de personnes d’origine asiatique sur les communes d’Ivry-sur-Seine et de Vitry-sur-Seine. Les femmes et les personnes âgées sont principalement ciblées. Toutes les victimes décrivent toutes un mode opératoire similaire : un groupe d’individus les bouscule par derrière, les faisant violemment tomber afin de tenter de leur dérober leur sac. Celles qui résistent sont rouées de coups. Les malfrats prennent ensuite la fuite grâce à l’intervention d’un complice en scooter ou en voiture. L’enquête prend un tournant fin avril lorsqu’un témoin parvient à relever la plaque d’immatriculation d’un de ces véhicules.

«Les victimes espère que leur douleur sera prise en compte»

Les mis en cause, âgés de 18 à 21 ans, seront interpellés au mois de mai 2019 et une enquête sera confiée à un juge d’instruction afin d’identifier le plus grand nombre de victimes de ces vols. Au total, une cinquantaine de vols seront imputés à cette petite équipe même si les associations estiment qu’elles sont en réalité plus nombreuses, beaucoup d’entre elles ne déposant pas plainte. « Au-delà même de cette affaire, les victimes espèrent que leur douleur sera prise en compte, certaines ont été agressées plusieurs fois, juste parce qu’elles sont d’origine asiatique », a déploré Me Soc Lam, l’avocat de sept parties civiles.

Devant le juge d’instruction, deux des prévenus ont reconnu avoir ciblé intentionnellement les membres de la communauté asiatique. « Le préjugé sur les Chinois, c’est qu’ils ont du liquide », lâche celui qui était mineur au moment des faits. « Ce sont des personnes réputées pour avoir de l’argent », appuie un second mis en cause. Ils encourent 10 ans d’emprisonnement et 150.000 euros d’amende.