L'Etat condamné à verser plus de 300.000 euros à Yoann Barbereau, qui a fui la Russie
JUSTICE•L'ex-directeur de l'Alliance française d'Irkoutsk en Sibérie demandait réparation à la France à hauteur de 977.000 euros20 Minutes avec AFP
L'essentiel
- Après avoir été condamné dans une affaire de pédophilie qu’il qualifie de « complot », Yoann Barbereau a attaqué l’Etat français pour ne pas l’avoir protégé.
- Plus de 300.000 euros lui seront versés, dont 200.000 au seul titre du préjudice moral, ont décidé les juges.
L’Etat a été condamné à verser plus de 300.000 euros d’indemnités à l’ex-directeur de l’Alliance française d’Irkoutsk en Sibérie, qui a fui la Russie en 2017 après avoir été condamné dans une affaire de pédophilie qu’il qualifie de « complot », a-t-on appris vendredi de source judiciaire.
Le Nantais Yoann Barbereau avait saisi le tribunal administratif de Paris après le refus du ministère des Affaires étrangères d’une demande indemnitaire au titre de la « protection fonctionnelle », due aux fonctionnaires et agents publics quand ils sont victimes d’attaques. Celui qui a récemment raconté son histoire dans un livre, Dans les geôles de Sibérie, demandait réparation à hauteur de plus de 977.000 euros.
Préjudice moral
Dans un jugement rendu le 3 avril, révélé vendredi par L'Express, le tribunal administratif a condamné l’Etat à verser à Yoann Barbereau la somme de « 300.315,03 euros », dont 200.000 au seul titre du préjudice moral. Cette « juste appréciation » du préjudice est liée à la fois aux attaques ayant « porté atteinte (à la) réputation » de Yoann Barbereau, aux « atteintes à son intégrité corporelle et psychologique lors de sa détention en Russie puis de son internement d’office en hôpital psychiatrique », à la séparation « brutale » et « prolongée » d’avec sa femme et sa fille, ainsi qu’aux « atteintes à ses droits fondamentaux », soulignent les juges administratifs.
« Après cinq ans d’injustice, cette décision est un soulagement », a réagi l’avocat de Yoann Barbereau, Me Olivier Arnod. « Il est innocent et il n’a pas commis de faute personnelle. C’est heureux qu’un tribunal impartial le dise », a-t-il ajouté.
D’autres procédures en cours
Yoann Barbereau avait été arrêté en 2015 pour des accusations de pédophilie montées de toutes pièces selon lui. Il avait fui Irkoutsk où il était placé en résidence surveillée et avait trouvé refuge à l’ambassade de France à Moscou. Condamné par défaut à 15 ans de « colonie pénitentiaire » dans un camp par la justice russe, visé par un mandat d’arrêt international, il avait fui une seconde fois. Il est rentré en France en novembre 2017 après une rocambolesque cavale de 8.000 kilomètres, de la Sibérie à Nantes.
Deux autres procédures judiciaires entamées par Yoann Barbereau sont toujours en cours : l’une contre l’Etat russe devant la Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH) et une autre pour obtenir la levée de sa notice rouge d’Interpol.