Belgique : Une enquête sur un réseau de pédopornographie identifie 90 suspects et 110 victimes
INVESTIGATION•L’agence européenne de police Europol a levé le voile sur un réseau d’échanges de photos et vidéos ayant des ramifications dans 44 pays.20 Minutes avec agences
Quatre hommes ont été condamnés ce mardi en Belgique à des peines allant de 5 à 16 ans de prison dans un vaste dossier de pédopornographie. Ils ont été reconnus coupables notamment d'« incitation à la maltraitance d’enfants, abus d’enfants et trafic d’êtres humains ». Pour un cinquième prévenu, une expertise psychiatrique a été ordonnée afin de déterminer s’il ne doit pas être interné.
L’enquête a déjà permis d’identifier 90 suspects au total et 110 jeunes victimes à travers le monde. Selon la police fédérale belge, il s’agit de « l’une des plus grandes affaires d’abus sexuels sur mineurs jamais connues ».
Le réseau implique 44 pays
L’enquête avait démarré en 2015 quand un policier avait remarqué l’attitude étrange d’un Belge trentenaire prenant des photos d’enfants en maillot de bain sur la plage de Blankenberge, au nord du pays. Une perquisition menée au domicile de ce suspect à Wetteren a permis de découvrir dans un ordinateur « environ 15 terabits (TB) de fichiers » à caractère pédopornographique, soit quelque neuf millions d’images.
En l’espace de cinq ans, avec le concours de l’agence européenne de police Europol, les investigations ont levé le voile sur un réseau d’échanges de photos et vidéos ayant des ramifications dans 44 pays. « Il s’agissait d’images d’abus de bébés, de quelques mois à peine, et d’adolescents de 12 à 13 ans. Les enfants victimes étaient principalement de sexe masculin », a précisé la police belge.
« Un procès exceptionnel »
Beaucoup de suspects sont encore recherchés, mais certains ont déjà été jugés et condamnés dans plusieurs pays. En Australie un homme a été condamné à quinze ans de prison.
En Belgique, l’enquête entamée en 2015 a débouché début 2020 sur le procès de cinq hommes devant le tribunal correctionnel de Termonde, dans le nord du pays : trois Belges (dont le premier suspect interpellé sur la plage), un Britannique et un Néerlandais.
L’association Child Focus, qui était partie civile, a évoqué « un procès exceptionnel », sans précédent depuis la création de l’association en 1998, dans le sillage de l’affaire Marc Dutroux. Selon la police belge, « la coopération internationale se poursuit en vue d’identifier un maximum de victimes et de suspects ».