ENQUETEVingt personnes renvoyées aux assises dans le procès du 13-Novembre

Attentats du 13-Novembre : 20 personnes renvoyées aux assises, dont Salah Abdeslam

ENQUETESix personnes sont visées par un mandat d’arrêt d’international, dont Oussama Atar et les frères Clain qui sont tous trois présumés morts
Manon Aublanc

Manon Aublanc

Dans le cadre de l’enquête sur les attentats du 13 novembre 2015 à Paris et Saint-Denis qui ont fait 130 morts et 350 blessés, 20 personnes ont été renvoyées aux assises, a annoncé le Parquet national antiterroriste (Pnat), ce lundi.

Parmi les personnes à l’encontre desquelles les juges d’instruction ont ordonné un procès dans leur ordonnance rendue lundi figure le Franco-Belge Salah Abdeslam, seul membre encore en vie des commandos qui ont frappé des terrasses de bar et la salle de spectacle du Bataclan au cœur de la capitale, ainsi que les abords du Stade de France, lors de ces attaques revendiquées par l’organisation Etat islamique (EI).

Les procès suspendus en raison de l’épidémie de coronavirus

Cette ordonnance de mise en accusation, un document de 348 pages hors annexes signé le 16 mars dont les conclusions ont été dévoilées par un communiqué du Pnat, suit les réquisitions de celui-ci, formulées fin novembre. Elle est encore susceptible de faire l’objet d’un appel, ce qui ne devrait pas retarder le procès. Celui-ci est prévu pour démarrer en janvier 2021 et durer six mois. Des travaux ont d’ailleurs déjà commencé au cœur de l’historique palais de justice de Paris, situé sur l’île de la Cité, afin de construire une salle d’audience suffisamment grande et sécurisée pour accueillir les débats.

En plus des accusés, plus de 1.750 parties civiles, ainsi que des centaines d’avocats et de journalistes, sont attendus. « Je me félicite de la décision rendue par les juges mais, compte tenu des circonstances actuelles, je ne sais pas si ce dossier va être audiencé dans les délais que l’on prévoyait » a réagi auprès Me Olivier Morice, avocat de 35 familles, faisant allusion à l’épidémie de coronavirus sévissant notamment en France.

Des suspects jugés malgré les soupçons de mort

Quatorze des suspects sont aujourd’hui aux mains de la justice française ou belge dans ce dossier, dont des logisticiens, convoyeurs et intermédiaires présumés. Onze d’entre eux sont placés en détention provisoire et les trois autres sous contrôle judiciaire. Six autres personnes sont visées par un mandat d’arrêt, dont un homme détenu en Turquie, Ahmed Dahmani.​ La plupart des cinq autres suspects sont présumés morts en zone irako-syrienne mais, faute de certitudes sur leur sort, ils seront tout de même jugés. Salah Abdeslam, détenu en France depuis près de quatre ans et placé à l’isolement, sera ainsi jugé notamment pour « association de malfaiteurs terroriste criminelle », « meurtres en bande organisée en relation avec une entreprise terroriste ». Au cours de l’enquête, il a quasi systématiquement gardé le silence face aux magistrats instructeurs, qui l’ont convoqué une dizaine de fois.

Des suspects renvoyés pour complicité de crimes

Le Belge Oussama Atar, soupçonné d'avoir planifié les attentats depuis la Syrie, sera lui jugé en son absence pour « direction d’une organisation terroriste » et « complicité de meurtres en bande organisée ». Ce vétéran du djihad, identifié sous le nom de guerre d'Abou Ahmed et considéré comme un émir du groupe État islamique, n’a jamais été interpellé. Il est considéré comme mort par des services de renseignements.

Les juges ont aussi ordonné le renvoi devant les assises, pour complicité de crimes, de plusieurs membres présumés de la cellule djihadiste franco-belge également à l’origine des attentats du 22 mars 2016 à Bruxelles qui ont fait 32 morts : Sofien Ayari, Osama Krayem, Mohamed Abrini, Mohamed Bakkali.