Procès de Redoine Faïd : Quand le roi de l’évasion refuse de quitter sa prison pour son procès
JUSTICE•La cour d’assises a décidé de maintenir le procès de Redoine Faïd malgré le refus de ce dernier de quitter sa cellule20 Minutes avec AFP
L'essentiel
- Le procès en appel de Redoine Faïd a commencé jeudi aux assises de Saint-Omer.
- En grève de la faim, le principal accusé a refusé de quitter sa cellule.
- Les avocats de Faïd ont déposé une demande de renvoi qui a été rejetée.
Le procès en appel du braquage d’un fourgon blindé en 2011, dont Redoine Faïd est le principal des quatre accusés, aura bien lieu. La cour d’assises du Pas-de-Calais a décidé, jeudi soir, son maintien, malgré l’absence de l’as de l’évasion, en grève de la faim, qui a refusé d’être extrait de cellule.
Après plusieurs heures de suspension d’audience, la présidente de la cour a en effet rejeté la demande de renvoi formulée par ses avocats, qui ont annoncé des pourvois en cassation, non suspensifs. Elle a également décidé de poursuivre, dans la soirée, l’audience jusqu’à la désignation des jurés et commis d’office l’une des avocates de Faïd, maître Yasmina Belmokhtar, qui a toutefois prévenu qu’elle ne serait pas présente au procès.
Des conditions à l’isolement « pires que Guantanamo »
Les conseils de Faïd avaient formulé leur demande de renvoi pour plusieurs raisons, notamment la grève des avocats et l’incompétence de la cour d’assises de Saint-Omer pour les affaires de criminalité organisée. Les avocats ont aussi souligné que leur client n’est pas en état de se défendre en raison de sa grève de la faim et de la soif, entamée il y a une semaine. Selon maître Franck Berton, Redoine Faïd entendait par cette action dénoncer ses conditions à l’isolement « pires que Guantanamo ».
La présidente a rejeté leurs arguments, estimant notamment que l’accusé avait entamé cette grève de la faim pour se soustraire à ses juges et qu’il recommencerait cette action si le procès était reporté. L’avocat général avait dénoncé une « manœuvre », s’appuyant sur un courrier envoyé par Faïd il y a dix jours dans lequel il annonçait à ses coaccusés qu’il allait se faire « porter pâle ».
Dans les couloirs, maître Berton a déploré le rejet du renvoi du procès par la présidente, pour qui « il faut que la justice passe coûte que coûte et peu importent les droits de l’Homme ». Il a annoncé trois pourvois auprès du président de la Cour de cassation et réaffirmé qu’il quittait le banc de la défense d’un « homme entre la vie et la mort » et « toujours pas hospitalisé » malgré ses demandes.
« Je ne pense pas qu’il soit libre… sauf évasion »
« Quand quelqu’un joue avec sa vie, c’est qu’il est désespéré », a ajouté Franck Berton, qui ira voir vendredi matin son client à la prison de Vendin-le-Vieil, à 80 km de là, pour lui signifier la décision de la cour et lui demander s’il veut ou non arrêter sa grève de la faim.
A l’ouverture du procès en début d’après-midi, Sylvie Karas avait constaté l’absence dans le box de Faïd. « Je ne pense pas qu’il soit libre… sauf évasion », avait-elle ironisé. Elle a ensuite envoyé un huissier de justice pour le sommer de comparaître, ce qu’il a à nouveau refusé.