Le parquet fait appel après la condamnation de Reda Hame, recrue d’Abaaoud, à 12 ans de réclusion
PROCES•Lundi, le parquet avait requis la peine maximale, vingt ans de réclusion avec une période de sûreté des deux tiers20 Minutes avec AFP
Au lendemain de la condamnation de Reda Hame, recrue d'Abdelhamid Abaaoud, le cerveau du 13-Novembre, à douze ans de réclusion, le parquet national antiterroriste a fait appel, ce mercredi.
Lundi, lors du procès de cet ancien technicien en informatique de 34 ans, recruté en 2015 pour commettre un attentat, le parquet avait requis lundi la peine maximale, vingt ans de réclusion avec une période de sûreté des deux-tiers.
« Un déserteur » du groupe Etat islamique, selon ses avocats
En détention provisoire depuis son arrestation à Paris en août 2015, Reda Hame a passé huit jours avec le groupe Etat islamique (EI) en juin 2015 en Syrie. Abdelhamid Abaaoud l’a formé à la kalachnikov pendant trois jours, puis l’a raccompagné à la frontière turque en le chargeant de commettre un attentat en Europe. Reda Hame assure avoir feint d’accepter cette mission pour quitter « le bourbier » syrien et rentrer en France.
Reda Hame « rejoint la Syrie au moment où les plus acharnés, ceux qui vont frapper l’Europe, la France, partent », a déclaré la procureure lors de ses réquisitions. Il s’est comporté, a-t-elle estimé, « comme un soldat » qui « suit les instructions ». « Pensez-vous qu’Abaaoud l’aurait choisi s’il n’avait pas perçu sa détermination ? », a questionné l’avocate générale. La cour d’assises spéciale a condamné ce Parisien, qui était, selon ses avocats, « un déserteur » du groupe Etat islamique, à douze ans de réclusion avec une période de sûreté des deux tiers.
Pas d'« adhésion à une idéologie violente ou un risque de passage à l’acte »
Il a été déclaré coupable du crime de participation à une association de malfaiteurs terroristes, en raison de « sa participation à des entraînements armés à Raqqa et de son adhésion feinte à une action criminelle de masse à commettre en Europe ». La cour a retenu « son investissement pérenne » au sein de l’EI. « Mais rien ne permet d’affirmer que Reda Hame était déterminé à exécuter la mission confiée à lui par Abdelhamid Abaaoud », selon cette décision.
La cour a pris également en compte « la courte durée de son séjour en Syrie, les déclarations circonstanciées et réitérées de Reda Hame sur sa propre responsabilité, un soutien familial stable et sécurisant, l’absence de mention à son casier judiciaire, son degré de formation lui permettant de se projeter dans un avenir professionnel ». La cour a aussi retenu des rapports de détention. Après un premier rapport largement négatif en 2016, un second, réalisé en janvier a conclu : Reda Hame « ne semble pas à ce jour présenter une adhésion à une idéologie violente ou un risque de passage à l’acte ».