Nantes : L’attentat à la bombe de la mairie annexe n’avait pas de motivation politique
EXPLOSION•Deux hommes, interpellés mardi, vont être mis en examen mercredi soir, annonce le procueurFrédéric Brenon
L'essentiel
- Une explosion a dégradé l’entrée de la mairie annexe Nantes-sud, quartier Clos Toreau, dans la nuit du 16 au 17 décembre 2019.
- Deux suspects, passionnés d’artifices, vont être mis en examen.
- Leur passage à l’acte s’explique par un grief envers la mairie annexe, sur fond de soirée alcoolisée.
Le procureur de la République de Nantes s’avoue « rassuré » par le profil des suspects interpellés mardi dans le cadre de « l’attentat à la bombe » survenu devant la mairie annexe de Nantes-sud dans la nuit du 16 au 17 décembre, peu après minuit. Les deux hommes, qui vont être mis en examen mercredi soir pour « dégradation de biens à l’aide d’un engin explosif, détention et transport de substances explosives et trouble à la tranquillité publique », n’étaient « pas animés par des considérations politiques ». En clair, il ne s’agit pas de terroristes.
Leur mobile est plutôt confus. « L’un des deux avait exprimé un certain ressentiment envers la mairie annexe car il y avait effectué des démarches de délivrance de documents et il avait trouvé que c’était un peu long », rapporte Pierre Sennès, procureur de la République, précisant que l’attentat s’inscrivait « dans un fort contexte d’alcoolisation ». « Ils ont avoué avoir été dépassés par l’ampleur de ce qu’ils avaient fait. Ils ont le sentiment d’avoir fait une belle connerie », complète Marc Perrot, chef de la police judiciaire de Nantes.
Des essais d’explosifs sur les bords de Sèvre
Les deux suspects, âgés de 27 et 28 ans, sont originaires de Nantes mais n’habitent pas le quartier où a été commis l’attentat. Ils avaient l’habitude de faire des essais d’explosion, à base d’artifices vendus dans le commerce, sur les bords de Sèvre. Quelques heures avant l’attentat, ils avaient d’ailleurs « dérangé des riverains en déclenchant une explosion » au bord de l’eau, entre Nantes et Vertou. Il faut dire que le meneur « a une bonne connaissance des artifices, on peut parler d’une passion », ajoute le commissaire.
Ils ont été identifiés par des témoignages d’habitants les ayant aperçus prendre la fuite « tranquillement » après l’attentat. Ils ont aussi été filmés par des caméras de vidéosurveillance. A leur domicile ont été trouvés divers produits d’artifice.
Leur casier judiciaire est déjà bien fourni. L’un a été condamné à 19 reprises pour des faits de violences et de détentions d’explosifs. L’autre a été condamné une dizaine de fois pour des délits routiers et agressions. Ils risquent jusqu’à 10 ans de prison. Une peine qui pourrait même être alourdie en raison de leur état de récidive.
« Ça aurait pu être catastrophique »
S’il n’a fait aucun blessé, l’attentat de la mairie annexe de Nantes-sud a détruit deux portes vitrées. « Si un riverain était passé à ce moment-là, ça aurait pu être catastrophique », estime le procureur. « On avait à cœur de résoudre cette affaire. C’est une atteinte à un bâtiment républicain, un symbole fort », argumente-il.
Quant aux tags évoquant l’attentat découverts dès 7h du matin sur les murs du marché de Talensac à Nantes, « aucun lien n’a pu être établi ». « Les deux personnes interpellées disent qu’ils n’ont rien à voir avec ces tags. Nous considérons que ce sont des tags opportunistes » d’une personne ayant eu vent de l’explosion qui s’était produite dans la nuit.