Nord : La bataille judiciaire d’une famille après la mort d’un proche fauché au passage d’un camion
REPORTAGE•Après le décès il y a trois ans d’un habitant de Dechy (Nord) fauché au passage d’un camion transportant un engin de chantier, sa famille s’insurge face aux lenteurs de l’instruction judiciaireGilles Durand
L'essentiel
- Le 5 décembre 2016, Pascal Dépretz était retrouvé mort, sur le trottoir devant sa maison, à Dechy, dans le Nord.
- L’enquête de police avait montré que la victime avait été fauchée au passage d’un camion transportant un engin de chantier.
- La famille de la victime s’insurge contre une nouvelle demande d’actes judiciaires de la part des mis en examen.
La famille aimerait enfin connaître la vérité. Le 5 décembre 2016, Pascal Dépretz était retrouvé mort, sur le trottoir devant sa maison, à Dechy, dans le Nord. Il avait 51 ans. Son décès avait provoqué un grand émoi dans la population car l’homme était un fromager connu sur les marchés du Douaisis.
Une information judiciaire avait été ouverte quelques jours plus tard et l’enquête de police avait fini par découvrir les causes de ce décès. Pascal Dépretz avait été fauché au passage d’un camion transportant un engin de chantier. Un accessoire de cet engin, un bras palpeur, gisait non loin du corps de la victime.
Mis en examen pour homicide involontaire
C’est cette pièce métallique de 11 kg qui est responsable de la mort, selon les enquêteurs qui ont pu reconstituer le scénario de l’accident grâce aux caméras du réseau de transports en commun.
Le camion avait été identifié. Le chauffeur, qui ne s’était pas rendu compte du drame, a été mis en examen pour homicide involontaire, de même que l’entreprise ADDT Corfu, à laquelle il appartenait.
Or, trois ans après ce drame, le procès se fait toujours attendre. En cause, trois nouvelles demandes de contre-expertise que vient de demander l’avocat de la société de travaux publics mise en cause. Cette demande doit être examinée le 23 janvier par la cour d’appel de Douai.
« L’entreprise veut simplement gagner du temps »
« Ces actes d’instruction supplémentaires n’apporteront rien. Les faits sont reconnus et établis. L’entreprise veut simplement gagner du temps », estime Franck Dépretz, filleul du défunt, qui a décidé de briser le silence autour de cette affaire. Avec sept autres membres de la famille, le jeune homme mène le combat pour qu’un procès puisse définitivement déterminer les responsabilités. Car les proches de Pascal Dépretz soupçonnent l’entreprise de n’avoir pas respecté les mesures de sécurité concernant le convoi.
« Il faut comprendre la douleur de cette famille. Pacsal est mort avec, dans les mains, un cadeau pour son père dont l’anniversaire tombait le lendemain. Il est normal qu’elle réclame un procès rapidement. Ces demandes d’actes de la partie adverse sont beaucoup trop tardives », remarque Me Patrick Lambert, avocat de la famille.
Pascal Dépretz vivait avec ses parents dont il s’occupait. « Ma grand-mère, âgée de 84 ans, est décédée au printemps, s’émeut Franck Dépretz. Elle ne s’est jamais remise de la perte de son fils. Pas un jour ne s’écoulait sans qu’elle prononce son prénom. Je souhaiterais que mon grand-père, qui a 87 ans, ne disparaisse pas avant que justice soit rendue. »
Contacté par 20 Minutes, l’avocat d’AADT Corfu n’a pas souhaité s’exprimer.