Affaire Elodie Kulik : Condamné à trente ans de réclusion, Willy Bardon tente de mettre fin à ses jours dans le box
PROCES•Willy Bardon a été reconnu coupable de l’enlèvement et de la séquestration suivis de la mort d’Elodie Kulik ainsi que de son viol. A l'annonce du verdict, il a tenté de mettre fin à ses joursVincent Vantighem
L'essentiel
- Elodie Kulik, 24 ans, a été violée et étranglée dans la nuit du 10 au 11 janvier 2002. Son corps, en partie carbonisé, a été découvert sur un terrain vague à Tertry (Somme).
- Willy Bardon, 45 ans, était jugé, depuis le 21 novembre devant la cour d’assises, à Amiens. Il encourrait la réclusion criminelle à perpétuité.
- A l’énoncé du verdict le condamnant à trente ans de réclusion criminelle, il a tenté de mettre fin à ses jours en avalant un liquide.
A la cour d’assises de la Somme, à Amiens
Des larmes de soulagement d’un côté. Un geste de désespoir de l’autre. Willy Bardon a été condamné, ce vendredi soir par la cour d’assises de la Somme, à trente ans de réclusion criminelle pour l'enlèvement et la séquestration ayant précédé la mort d'Elodie Kulik, en 2002. Dans un verdict difficilement compréhensible, cet homme de 45 ans a également été reconnu coupable du viol de la jeune femme mais acquitté du meurtre qui l'a accompagné.
A l’annonce de la décision, il a tenté de mettre fin à ses jours dans le box des accusés en avalant très rapidement le contenu d’une bouteille, sous les yeux d’un public, venu nombreux assister à l’audience. Ses avocats n’ont souhaité faire « aucun commentaire » sur cet incident mais il a été pris en charge immédiatement. « Tout ce que l’on peut dire, c’est que cette décision n’a pas de sens, a commenté Gabriel Duménil, l’un de ses trois défenseurs. On ne peut pas condamner quelqu’un pour viol sans preuve et l’acquitter du meurtre qui l’a accompagné sans plus de preuve. »
« Je vais aller sur leur tombe leur dire que j’ai fait mon travail »
Sur le banc d’en face, Jacky Kulik, le père d'Elodie, a fondu en larmes à l'annonce du verdict. De longues minutes durant, il a serré ses nombreux soutiens et ses avocats, Didier Seban et Corinne Herrmann, dans ses bras. « Ils ont fait un énorme travail, a-t-il salué. Maintenant, justice a été rendue à Elodie. Demain, je vais pouvoir aller sur sa tombe et sur celle de Rose-Marie [sa femme]. Et leur dire que j’ai fait mon travail ! »
Touché par des malheurs à répétition – il a perdu deux enfants dans un accident de voiture avant le meurtre d’Elodie, puis sa femme s’est suicidée – cet homme se bat depuis dix-huit ans pour connaître la vérité sur la mort atroce de sa fille. Âgée de 24 ans, cette banquière avait été violée, puis étranglée. Son corps, en partie carbonisé, figé dans une position ignoble, avait été découvert sur un terrain d’aviation désaffecté, à Tertry (Somme), par un froid matin de janvier 2002.
« Je n’y étais pas ! Je suis innocent… Je vous le jure… »
Après treize journées d’audience particulièrement lourdes, les jurés ont donc considéré que Willy Bardon, 45 ans, avait participé au supplice de celle que l’on surnommait « Boucles d’or ». Juste avant que les jurés ne partent délibérer durant quatre heures, cet homme qui comparaissait libre avait, une nouvelle fois, clamé son innocence. S‘adressant à Jacky Kulik, le père de la victime, il avait balbutié dans le micro : « Je n’y étais pas ! Je suis innocent… Je vous le jure… »
Auparavant, ses trois avocats avaient bataillé trois heures à la barre pour tenter de convaincre de son innocence. Rappelant qu’il n’y avait aucune preuve flagrante à son encontre, « surtout pas son ADN sur la scène de crime », Gabriel Duménil avait ainsi demandé qu’on ne choisisse pas « un coupable coûte que coûte ».
Un enregistrement insoutenable au centre des débats
Finalement, Willy Bardon, décrit comme un « nounours gentil » mais aussi « un gros dégueulasse » avec les femmes, a donc été condamné, essentiellement, sur la base d’une bande-son, seul élément tangible qui a phagocyté les débats judiciaires depuis le 21 novembre. Il s’agit de l’enregistrement d’un appel de 26 secondes passé par Elodie Kulik aux pompiers, juste avant de mourir. Diffusé une bonne vingtaine de fois dans le prétoire, cet appel laisse entendre les cris insoutenables de la jeune victime derrière lesquels on distingue deux voix d’homme.
Six témoins avaient expliqué reconnaître, parmi elles, le « timbre » de voix de Willy Bardon. Six autres avaient émis des doutes. Les jurés ont donc fait confiance aux premiers et aux deux avocates générales qui avaient requis, dans la matinée, une peine de 30 ans de réclusion criminelle sur cette base. « Certes, il n’y a pas de preuve scientifique, avait admis Anne-Laure Sandretto, l’une d’entre elles. Mais il y a ces témoins. Et il est quand même assez rare qu’une flopée de témoins se trompent tous de la même manière… »
Si Willy Bardon fait appel de ce verdict comme il l’a laissé entendre par la voix de ses avocats, ils auront l’occasion de débattre à nouveau de cet enregistrement lors d’un second procès. Et Jacky Kulik de poursuivre son combat.
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