Attaque de la préfecture de police : Le préfet de police de Paris, auditionné par les députés, encourage les signalements pour radicalisation
TERRORISME•Le préfet de police de Paris, auditionné par la commission d’enquête de l’Assemblée nationale, a indiqué que depuis l’attaque, sept policiers, soupçonnés de radicalisation ont été désarmés
Caroline Politi
L'essentiel
- Le préfet de police de Paris Didier Lallement a été entendu mercredi par la commission d’enquête de l’Assemblée nationale dans le cadre de l’attaque perpétrée le 3 octobre par Mickaël Harpon.
- Il a été interrogé sur les dysfonctionnements dans ce dossier et sur les premières mesures mises en place pour favoriser les signalements en cas de radicalisation.
- 33 fonctionnaires de police ont été signalés depuis l'attaque.
«J’ai pensé qu’on était attaqué de l’extérieur. » Le 3 octobre, lorsque Mickaël Harpon entame son équipée meurtrière, le préfet de police, Didier Lallement, ne peut imaginer que le danger vient de l’intérieur. Que l’homme qui a poignardé à mort quatre fonctionnaires et grièvement blessé une cinquième n’est autre qu’un agent administratif travaillant depuis une quinzaine d’années dans les services de renseignement. Près d’un mois après l’attaque , le chef de la police parisienne était auditionné ce mercredi après-midi par la commission d’enquête de l’Assemblée nationale. « Nous n’avions pas de dispositif interne destiné à limiter les tueries de masse à l’intérieur de nos locaux », a déploré le haut fonctionnaire, en retraçant cette funeste après-midi.
Mais si les députés ont tenu à entendre le préfet de police, ce n’est pas tant sur la manière dont il a géré le drame ce jour-là, que sur la série de dysfonctionnements qu’ont mis en lumière les premiers éléments de l’enquête. Comment cet agent administratif, jouissant de l’habilitation secret-défense et côtoyant quotidiennement des policiers spécialisés sur des questions de terrorisme, a-t-il pu passer entre les mailles des filets ? « Au sein des fonctionnaires de police, il existe une grande fraternité de travail (…), a assuré Didier Lallement. Il y a parfois une réticence à aborder des sujets de cette nature, on pense toujours pouvoir les régler entre collègue. » Un rapport interne envoyé après l’attaque indique néanmoins que Mickaël Harpon s’était réjoui devant de ses collègues de l’attentat de Charlie Hebdo en 2015. Des propos qui n’avaient pas fait l’objet d’un signalement interne. « Il n’y en a pas de trace dans son dossier », n’a eu de cesse de répéter le préfet pour justifier l’absence de mesures d’éloignement, se retranchant systématiquement derrière les investigations en cours.
Une recrudescence des signalements
Quatre jours après le drame, Didier Lallement a néanmoins envoyé une note à l’ensemble des services pour favoriser les signalements. Un appel vraisemblablement entendu puisque la préfecture de police se penche actuellement sur le cas de 48 fonctionnaires signalés pour radicalisation, dont 33 l’ont été depuis l’attaque. Des signalements, précise le préfet, portant principalement sur des changements de comportements ou d’apparence physique, peu sur des expressions prosélytes. Devant les députés, il a également indiqué réfléchir à la proposition de certains syndicats de mettre en place une plateforme anonyme pour faciliter les remontées.
« J’ai encouragé les signalements pour qu’il y ait une levée de doute, assume le haut fonctionnaire. Elle permet de s’interroger, notamment sur une chose très prosaïque : doit-on laisser le fonctionnaire armé ? » Parmi les agents suspectés, sept d’entre eux ont ainsi été privés de leur arme au cours du dernier mois et trois demandes de suspension ont été effectuées auprès du directeur général de la police nationale, dont l’une a été accordée, les deux autres étant toujours en cours. Mickaël Harpon aurait-il été de ceux-ci si ces propos sur Charlie Hebdo avaient fait l’objet d’une remontée ? Didier Lallement en est convaincu. « La réjouissance d’une commission d’attentat est d’une gravité extrême. »