ERREURLa justice se montre critique après la fausse arrestation de Ligonnès

Affaire Xavier Dupont de Ligonnès : Prudente dès le départ, la justice se montre aussi acide

ERREURDès le départ, le procureur de Nantes a appelé à la « prudence ». L’un de ses prédécesseurs, sous le feu des projecteurs au moment des faits, se montre amer
Frédéric Brenon

F.B.

L'essentiel

  • Un homme présenté comme étant Xavier Dupont de Ligonnès, suspecté du meurtre de sa famille en 2011, a été interpellé à Glasgow.
  • La police écossaise a, dans un premier temps, affirmé que ses empreintes digitales correspondaient à celles du suspect.
  • La piste a finalement été invalidée au bout d’une quinzaine d’heures.

Si elle a rapidement suscité une effervescence exceptionnelle chez les enquêteurs, dans les médias et sur les réseaux sociaux, la fausse arrestation de Xavier Dupont de Ligonnès n’a pas fait frémir la justice. Trois heures après la révélation publique de l’interpellation d’un homme dont les empreintes digitales correspondaient à celle du principal suspect de la tuerie de Nantes, le procureur de la République de Nantes avait tenu à refroidir l’ambiance, appelant tout le monde à la « prudence ».

« Il convient d’être prudents. Il y a une suspicion sur les empreintes mais c’est en cours de vérification, en cours de confirmation, et c’est pour ça que les enquêteurs partent demain en Ecosse » a déclaré Pierre Sennès vendredi soir. Un discours répété en milieu de matinée ce samedi.

Présomption d’innocence et « pseudo sources »

En parallèle, le premier président de la cour d’appel de Rennes, Xavier Ronsin, procureur de Nantes en 2011 lorsque l’affaire Dupont de Ligonnès avait éclaté, a indiqué dès vendredi soir qu’il ne répondrait pas aux sollicitations médiatiques. « Le dossier est instruit par les juges d’instruction de Nantes, a-t-il réagi sur le compte Twitter officiel de la cour. Il continuera à l’être dans la même sérénité et impartialité. Merci à tous les médias d’y contribuer et de respecter les familles des victimes et la présomption d’innocence. »

Quelques heures plus tard, et alors que les doutes commençaient à poindre, Xavier Ronsin s’est montré plus sévère, pointant du doigt « les experts de tous poils extérieurs au dossier dissertant ad nauseam savamment sur tout et rien et distribuant sentences et mauvais points alors qu’on n’a même pas encore la certitude que l’homme arrêté est bien Xavier Dupont de Ligonnès ». « Quand viendra l’heure de la certitude scientifique/ADN naturellement afflueront les excuses sur le thème vitesse contre précipitation, temps médiatique contre temps judiciaire », a-t-il ajouté, amer, peu après.

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La confirmation génétique que l’homme interpellé n’était pas le fugitif recherché est finalement tombée vers 12h45. L’ancien procureur de Nantes a alors repris sa plume pour dénoncer les « pseudo sources qui très souvent à des échelons intermédiaires d’enquête ont accès à des infos partielles et s’empressent en violation du secret professionnel de les divulguer à des "officiers traitants" de la presse ». « Seul le procureur de la République de Nantes était habilité à communiquer et aucune autre autorité », rappelle-t-il.

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Depuis le début de l’affaire, il y a huit ans, près d’un millier de signalements de la présence de Xavier Dupont de Ligonnès ont été effectués auprès des services de police et de justice. Tous ont été vérifiés et écartés.

20 secondes de contexte

Vendredi 11 octobre dans la soirée, la police écossaise a annoncé avoir arrêté Xavier Dupont de Ligonnès à l’aéroport de Glasgow (Ecosse). 20 Minutes s’est fait confirmer cette information auprès de sources policières françaises. Samedi, à 13 heures, des tests ADN pratiqués par des experts de la justice française sur l’homme arrêté à Glasgow ont démontré qu’il ne s’agissait pas de Xavier Dupont de Ligonnès, en cavale depuis huit ans.

Depuis vendredi soir et l’annonce de cette arrestation, 20 Minutes est resté prudent et a vérifié chacune des nouvelles informations publiées.