Affaire Xavier Dupont de Ligonnès : Que vérifie-t-on pour constater l’identité d’un suspect ?
CHECK-LIST•L’homme arrêté à Glasgow vendredi n’était pas Xavier Dupont de Ligonnès. Si dans ce cas le test ADN qui a servi de preuve, de nombreuses procédures existent pour déterminer l’identité d’un suspectJean-Loup Delmas
L'essentiel
- L’individu arrêté à Glasgow vendredi n’était pas Xavier Dupont de Ligonnès, suspecté du meurtre de sa famille en 2011.
- La police écossaise a, dans un premier temps, affirmé que ses empreintes digitales correspondaient à celles du suspect en cavale depuis huit ans. Ce sont les tests ADN qui ont permis d'infirmer l'information et de s’assurer de l’identité de l’homme interpellé.
- Si l'ADN ne ment pas, d'autres méthodes sont encore utilisées pour certifier de l’identité d’un individu.
Les tests ADN l’ont confirmé, l’homme arrêté à Glasgow vendredi n’est pas Xavier Dupont de Ligonnès. La méthode, infaillible, a permis de lever le doute sur la réelle identité de l’individu interpellé et d’assurer que ce dernier n’était pas le fugitif suspecté du meurtre de sa femme et de leurs quatre enfants en 2011. L’ADN n’est cependant pas le seul procédé dont disposent la police judiciaire et les enquêteurs pour certifier de l’identité d’un suspect. Récapitulatif des différentes techniques possibles :
Les empreintes digitales
Vendredi, c’était l’élément avancé pour valider l’identité du suspect. Les empreintes digitales correspondaient à celles de Xavier Dupond De Ligonnès. Claude Cancès, ancien directeur régional de la police judiciaire de Paris, explique le flou autour de cette technique dans le cadre de l’affaire du fugitif, en cavale depuis huit ans : « Lorsqu’on est sur une personne multirécidiviste ou un malfaiteur notoire, les empreintes digitales sont fichées dans les dossiers de police lors de garde à vue. On peut les comparer avec exactitude, c’est la méthode Bertillon. Or, ce n’était pas le cas de Xavier Dupont de Ligonnès, où seulement des traces papillaires ont été relevées après les meurtres de la tuerie de Nantes. Entre la trace papillaire et les empreintes du suspect, il faut 15 points identiques. » Comme révélé par BFMTV ce samedi, les empreintes ne correspondaient que très partiellement et ces points identiques étaient loin d’être atteints.
Idenfication par l’ADN
Ce samedi, c’est donc l’ADN qui a révélé la véritable identité de l’homme interpellé. Une méthode qui ne laisse pas de place au doute : « L’ADN, c’est formel, tranche Claude Cancès. Contrairement aux empreintes digitales, l’ADN de Xavier Dupont De Ligonnès a été relevé avec précision sur la scène de meurtre. Il suffisait de prendre un peu de salive sur l’homme interpellé à l’aéroport et de comparer. » Philippe Vénère, ex-commissaire divisionnaire de police, renchérit : « Aujourd’hui, recueillir de l’ADN ne pose pas de réels problèmes. Il suffit de toucher très superficiellement un support pour laisser des traces ADN et, dans l’extrême majorité des cas, les scènes de crimes révèlent des fragments. L’essentiel, c’est ensuite de l’identifier. »
Une identification facilitée dans le cadre de l’enquête sur Xavier Dupont de Ligonnès, pour deux raisons : « On peut faire des rapprochements ADN grâce aux fragments récoltés sur sa famille, car la génétique est proche sur les individus d’une même parenté, poursuit Philippe Vénère. Il était également facile de trouver dans le domicile familial des objets que seul le père de famille avait touché, donc avec un seul ADN disponible. »
La morphologie
Reste, enfin, l’ancienne méthode : comparer les morphologies. Si le cas de la chirurgie esthétique a été évoquée pour expliquer l’emballement autour de la potentielle arrestation de Xavier Dupont De Ligonnès à Glasgow, « on ne peut pas tricher sur tout », prévient Philippe Vénère : « L’écartement des yeux, des tempes ou le pavillon de l’oreille ne bougent pas, quelle que soit l’opération effectuée, et ce sont des mesures uniques pour chaque individu. »
En effet, ce sont des mesures d’ossatures et du squelette qui sont utilisées dans ces cas, inchangeables par la chirurgie. L’ex-commissaire divisionnaire nous remémore notamment certains cas de criminels utilisant des lunettes et se cachant les yeux, mais trahis par leurs pavillons d’oreille. « La méthode de comparaison morphologique a plus de cent ans mais elle permet encore de résoudre de nombreuses affaires, atteste Philippe Vénère. Aujourd’hui, les innombrables avancées biologiques et l’efficacité de la méthode morphologique permettent d’identifier facilement les suspects… ou, au contraire, d’innocenter les individus, comme ce fut le cas ce samedi. »