EUROPESylvie Goulard ne convainc pas les eurodéputés à propos des emplois fictifs

Emplois fictifs : « I’m clean », se défend Sylvie Goulard sans convaincre les eurodéputés

EUROPELes eurodéputés ont réclamé à la candidate à la Commission européenne des clarifications supplémentaires
20 Minutes avec AFP

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Elle passait une audition décisive ce mercredi au Parlement européen. La Française Sylvie Goulard n’aura finalement pas convaincu les eurodéputés. Ces derniers lui ont réclamé des clarifications supplémentaires, notamment sur l’emploi présumé fictif d’un de ses collaborateurs, avant de statuer sur sa candidature à la Commission européenne.

A l’issue de son audition, l’ensemble des groupes politiques du Parlement européen – à l’exception du sien, les Libéraux de Renew — ont décidé de lui poser de nouvelles questions par écrit, étape préalable à une éventuelle seconde audition, selon des sources concordantes.

Elle fait l’objet de deux enquêtes

Les élus européens, dont le feu vert est indispensable à chaque commissaire, n’ont pas été convaincus par ses explications sur les deux enquêtes dont elle fait l’objet -l’une de la justice française, l’autre de l’Office européen de lutte antifraude (Olaf)- dans l’affaire des emplois présumés fictifs des assistants des eurodéputés du parti Modem (centre). Ce dossier l’avait conduite à quitter son poste de ministre des Armées en juin 2017, un mois seulement après sa nomination.

« Si, en tant que commissaire, elle doit faire face à une procédure judiciaire, sa nomination risque d’affaiblir la Commission dans son ensemble. Nous voulons un commissaire qui s’engage à 100 % », a commenté l’eurodéputée danoise Christel Schaldemose (social-démocrate). D’autres eurodéputés restent insatisfaits par ses réponses sur le fond, à l’instar de l’écologiste finlandais Ville Ninistö, qui l’a jugée « beaucoup trop vague ».

Selon une source européenne, les nouvelles questions lui seront envoyées vendredi et elle aura jusqu’à mardi pour y répondre.

Le respect de « la présemption d’innocence »

« I’m clean » («je suis propre »), avait durant son audience Sylvie Goulard, demandant aux eurodéputés, qui l’ont parfois malmenée, de respecter « la présomption d’innocence ». Désignée par Emmanuel Macron, la Française brigue le portefeuille aussi vaste que stratégique du « Marché intérieur ».

Plusieurs députés ont soulevé les « questions éthiques » posées par les enquêtes visant la Française, qui appartient au troisième grand groupe politique de l’UE. D’autres ont dit « ne pas comprendre » comment elle pouvait prétendre être commissaire après avoir démissionné pour les mêmes raisons du gouvernement. « Un usage existe en France (…) selon lequel tout ministre, à partir du moment où il serait mis en examen, devrait démissionner », a-t-elle expliqué. « Dans les institutions européennes, un tel usage n’existe pas (…) Je n’ai pas été mise en examen, mais j’ai estimé alors pour une raison, avoir la responsabilité des armées françaises, (…) que je ne pouvais pas faire courir ce risque », a poursuivi l’ancienne députée européenne (2009-2017)

« Tout était légal », assure Sylvie Goulard

La Française a déjà remboursé 45.000 euros au Parlement européen, correspondant à huit mois de salaire d’un de ses assistants, pour lequel elle n’a pu fournir aucune « preuve de travail ». « Un aveu », selon ses détracteurs. « Je n’ai rien reconnu », a-t-elle répondu, niant toute « intention frauduleuse ». Elle a expliqué qu'« il y avait eu des problèmes au moment de (la) démission » de ce collaborateur et qu’elle n’avait pas eu envie de s'« engager dans une procédure de licenciement ».

Sylvie Goulard a également été interrogée sur son travail de « consultante », moyennant « plus de 10.000 euros » mensuels, pour un groupe de réflexion américain, l’institut Berggruen, d’octobre 2013 à janvier 2016, alors même qu’elle était eurodéputée. « Tout était légal », a-t-elle souligné. « Je conçois que les sommes soient élevées », mais « ça correspond aux conditions qui se pratiquent ».