Bretagne: Huit ans après, la SNCF de nouveau jugée pour un dramatique accident de train
JUSTICE•Trois personnes avaient perdu la vie et des dizaines avaient été blessées lors d’une collision avec un poids lourd à Saint-Médard-sur-IlleCamille Allain
L'essentiel
- La SNCF et le chauffeur d'un poids lourd sont jugés devant la cour d'appel de Rennes cette semaine.
- En octobre 2011, un TER avait percuté un camion immobilisé au milieu du passage à niveau à Saint-Médard-sur-Ille. La collision avait fait trois morts et une soixantaine de blessés.
- En première instance, la SNCF avait été condamnée pour homicides involontaires. Elle avait fait appel de sa condamnation.
Les souvenirs ressurgissent. Huit ans après la dramatique collision entre un TER et un poids lourd à Saint-Médard-sur-Ille, les victimes doivent de nouveau affronter un procès. Le chauffeur du camion qui s’était immobilisé au milieu du passage à niveau sera rejugé en appel, aux côtés de la SNCF.
En première instance, SNCF Mobilités et SNCF Réseau (ex RFF) avaient été condamnées pour homicides involontaires, écopant de 300.000 euros d’amende chacune. Plaidant la relaxe, la société ferroviaire avait fait appel de sa condamnation, provoquant la colère des victimes.
« Ils sont épuisés par la longueur de la procédure »
« Ils le vivent très mal, ils sont épuisés par la longueur de la procédure », prévient Catherine Glon. L’avocate rennaise défendra plusieurs victimes de l’accident. « Certains de mes clients sont paralysés à vie. Le premier procès avait déjà été très éprouvant sur le plan physique et moral ». La collision avait fait trois morts et une soixantaine de blessés en octobre 2011. L’accident s’était produit sur un passage à niveau réputé dangereux où plusieurs collisions avaient déjà eu lieu. Des rapports avaient intimé aux collectivités et à la SNCF de réaliser des travaux d’aménagement. En vain.
Lors du procès en première instance, la justice avait reconnu la SNCF coupable de manquements et l’avait condamnée, allant à l’encontre du ministère public, qui avait plaidé la relaxe. « J’ai l’impression que la SNCF prend pour tout le monde », avait réagi Thierry Dalmasso, avocat de SNCF Réseau, après le délibéré. « Les victimes éprouvent un véritable sentiment d’injustice. Ce qui compte à leurs yeux, ce n’est pas le montant de l’amende. Non, elles attendent simplement que la SNCF reconnaisse sa culpabilité », poursuit l’avocate Catherine Glon. « Pour elles, ce nouveau procès réactive les traumatismes. Ce sera douloureux », prévient-elle.
Condamné à trois ans de prison avec sursis, le chauffeur du camion avait reconnu sa faute, présentant ses excuses aux victimes et à leurs familles. « Je porte la responsabilité de l’accident. Mais je ne suis qu’un maillon de la chaîne », avait-il déclaré au tribunal. Le procès en appel qui s’ouvre ce lundi doit durer cinq jours.