Var : Deux personnes comparaissent pour le vol de 200 kg de feuillages d’eucalyptus, très à la mode dans les bouquets de fleurs
VOL EN RÉUNION•Les faits remontent au mois de mai sur la commune de Tanneron, trop habituée de ces vols qui alimentent le marché noir italienCaroline Delabroy
L'essentiel
- Deux personnes doivent comparaître devant le tribunal correctionnel de Draguignan pour le vol de 200 kg de feuillages d’eucalyptus.
- Très à la mode dans l’ornementation des bouquets, l’eucalyptus ainsi volé serait revendu sur le marché italien.
- Dans le Var et dans les Alpes-Maritimes, les producteurs portent plainte et attendent qu’une enquête soit menée pour remonter la filière.
De loin, ce jour de mai, ils ont vu un changement dans la forêt d’eucalyptus. Des « arbres complètement émaciés » et « une voiture louche au bord d’un chemin ». « Avec un confrère, on a passé l’après-midi à essayer de les détecter, ils étaient juste au-dessus d’une plantation abandonnée », raconte Julien Augier, président du syndicat des exploitants agricoles de Tanneron ( Var). Aussitôt prévenue, la gendarmerie a pu interpeller deux personnes dont un récidiviste, et saisir 200 kg de feuillages conditionnés dans des ballots. Tous deux doivent comparaître ce jeudi devant le tribunal correctionnel de Draguignan pour vol en réunion, coupe et arrachage d’eucalyptus, dont les feuillages sont très à la mode dans les bouquets.
« Ils viennent comme des sauvages »
Le préjudice est estimé à 2000 euros, pour ce terrain qui appartient à la mairie de Tanneron. « Pour nous, producteurs, le préjudice n’est pas que financier, c’est surtout tout le travail qu’il y a derrière », observe Julien Augier, « ils cassent les arbres, balancent les branches par terre, il nous faut tout ramasser, remettre en état ».
Propriétaire de 15 hectares au Plan-de-la-Tour, une autre commune du massif, Christiane Cometti n’en revient toujours pas du vol commis en décembre dernier : « Ils m’ont tailladé des arbres de 30 ans à un mètre du sol ! » témoigne-t-elle, déplorant « une situation qui dure depuis des années. »
« Il faut remonter aux commanditaires »
« On peut parler quasiment de filière », indique le capitaine Bruno Lopez, de la compagnie de gendarmerie de Draguignan. « C’est un phénomène que l’on retrouve à chaque récolte, continue-t-il. Ce sont des petites gens qui viennent couper pour revendre à des fleuristes, sur les marchés italiens. A chaque fois, ce sont des ballots qui en volume sont très importants, cela peut aller jusqu’à une tonne. »
Sur le massif de Tanneron, une dizaine de plaintes sont déposées chaque année, le phénomène touchant aussi la commune de Mandelieu-la-Napoule (Alpes-Maritimes). « Avant, les producteurs ne portaient pas toujours plainte pour des vols dans les champs, ils pensaient que cela resterait impuni poursuit le capitaine Lopez. Les choses changent, notamment avec une convention qui s’est mise en place sur le modèle des conventions voisins vigilants. »
Reste que les producteurs n’attendent pas grand-chose d’un procès. « Pour moi, les personnes qu’on attrape sont souvent des pauvres gens, ce que j’attends, c’est qu’une enquête remonte aux commanditaires », espère Julien Augier. « Il faut suivre ces personnes, voir qui les embauche, abonde sa consœur Christiane Cometti. Certains sont arrêtés, mais ils vont en trouver d’autres. Cela fait des années que ça dure. Tous les producteurs sont à l’affût. » Et chaque voiture inconnue, désormais, est scrutée de près.