« On ne va pas laisser Levallois aux charognards ! »

A Levallois-Perret, on soutient Balkany pour « ne pas laisser la ville aux charognards »

REPORTAGEAlors que Patrick Balkany dort en prison depuis vendredi, son épouse Isabelle a pris les rênes politiques de la ville, sans ciller
Vincent Vantighem

Vincent Vantighem

L'essentiel

  • Patrick et Isabelle Balkany ont été condamnés à de la prison ferme vendredi.
  • En prison, Patrick a dû céder sa place de maire à sa femme qui est aussi première adjointe.
  • Très soutenue localement, elle organise, ce lundi soir, une réunion de la majorité municipale.

Pour la peine, une table a été déménagée dans le hall. Et des affichettes ont été judicieusement posées. « Les Levalloisiens apportent leur soutien à leur maire Patrick Balkany », peut-on y lire comme si la ville de l’Ouest parisien ne comptait aucune voix dissonante. Trois jours après le jugement du tribunal correctionnel de Paris, les habitants de Levallois-Perret (Hauts de Seine) continuent à venir signer le livre d’or ouvert à l’hôtel de ville en hommage à Patrick Balkany, emprisonné à la Santé pour « fraude fiscale ».

Depuis vendredi, une cinquantaine de pages ont déjà été noircies : « Soutien à 1.000 %. » « Libérez notre maire ! » « Tenez bon… » « Chapeau l’artiste ! » Jeune retraitée de 62 ans, Pascale a même dû faire la queue, ce lundi matin, avant de pouvoir signer un message similaire. « On ne comprend pas. Il y a des violeurs qui courent les rues et notre maire, lui, est en prison alors qu’il n’a pas détourné d’argent public !, se justifie-t-elle. De toute façon, s’il se représente, je ne me pose même pas la question : je vote pour lui ! »

Chancelante vendredi, Isabelle Balkany est « au travail » depuis

Sauf que la question se pose. « Empêché », selon les termes du Code général des collectivités territoriales, Patrick Balkany a cédé sa place, depuis le jugement, à sa première adjointe qui n’est autre que son épouse, Isabelle Balkany, elle-même condamnée à trois ans de prison ferme sans mandat de dépôt pour avoir dissimulé une partie de son patrimoine au fisc. Et chez les Balkany, personne ne sait vraiment de quoi demain sera fait, un autre jugement pour « blanchiment » et « corruption » étant attendu le 18 octobre…

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Chancelante, presque hagarde à son arrivée au tribunal vendredi, l’élue qui va fêter ses 72 ans vendredi, a, semble-t-il, retrouvé, depuis, l’énergie nécessaire à la gestion d’une ville de 67.000 habitants. Elle est « au travail », confie sobrement son entourage. Après une visite de chantier dans la matinée, elle doit surtout animer une réunion de la majorité municipale, ce lundi soir.

« D’ici là, aucun élu ne vous parlera ! », aboie un porte-parole de la mairie qui a visiblement passé un mauvais week-end. Dans sa boutique de réparation de matériel informatique, Giovanni Buono est effectivement réticent à se livrer. Mais l’envie de défendre Patrick Balkany est trop forte pour le conseiller municipal chargé du développement économique depuis vingt ans. « On ne parle que de la décision de justice mais il faut parler de la ville, finit-il par lâcher. Tous les services fonctionnent parfaitement. C’est ça, la réussite de Levallois ! »

« Ils ont amené la sécurité, la joie de vivre et la sécurité aussi »

Eliane, 69 ans, ne dit pas autre chose. Orthophoniste retraitée, elle assure avoir assisté à la métamorphose de la ville depuis l’arrivée des Balkany. « Ils ont amené la sécurité, la joie de vivre et la sécurité aussi », détaille-t-elle sans même se rendre compte de sa répétition. De quoi faire bondir Arnaud de Courson, le chef de file de l’opposition (divers droite) : « Continuer à envisager la gestion de la ville par les Balkany alors qu’ils ont été condamnés à de la prison ferme est juste indécent. On verra d’ailleurs cela le 15 mars prochain… »

La date des municipales est en effet déjà dans toutes les têtes. Si la réunion de la majorité était prévue de longue date, l’ordre du jour sera bouleversé par le changement récent de situation de l’édile qui a remporté les scrutins 2008 et 2014 au premier tour à chaque fois (avec 51 % des voix). « On ne va pas laisser la ville aux charognards !, finit ainsi par balancer Giovanni Buono. Je ne sais pas encore comment exactement. Mais on va tout faire pour que l’aventure continue. » En attendant, elle se poursuit imperturbablement sur la place de l’hôtel de ville. Ce lundi matin, les agents municipaux ramassaient les papiers gras dans les parterres impeccables. Et les panneaux d’information annonçaient le vide-greniers prévu le week-end prochain, sur le quai Charles-Pasqua.