Nice : Un SDF écope de cinq mois de prison ferme pour une agression aux urgences
PROCES•La représentante du parquet en a profité pour dénoncer « le mal-être de l’hôpital public quant aux conditions de travail »20 Minutes avec AFP
L'essentiel
- Un SDF polonais hospitalisé en état d’ivresse, à Nice le 5 août, avait frappé une infirmière et une aide-soignante.
- Le tribunal correctionnel de Nice l’a condamné à cinq mois de prison ferme.
- Une soixantaine de salariés de l’hôpital s’étaient rassemblés devant le palais de justice de Nice pour demander plus de moyens
Il a été maintenu en détention. Un SDF polonais, hospitalisé en état d’ivresse au CHU de Nice, a été condamné mercredi à 5 mois de prison pour avoir frappé une infirmière et une aide-soignante le 5 août.
Dénonçant des faits « inadmissibles », même s’ils ont été « reconnus par le prévenu qui a formulé des excuses » lors de l’audience du tribunal de Nice, la représentante du parquet a emboîté pas à l’avocat de l’aide-soignante pour dénoncer « le mal-être de l’hôpital public quant aux conditions de travail » et requérir 5 mois d’emprisonnement ferme.
Le personnel « épuisé physiquement et moralement »
Une soixantaine de salariés de l’hôpital s’étaient d’ailleurs rassemblés devant le palais de justice de Nice en soutien à l’aide-soignante, toujours en arrêt maladie pour des vertiges, des migraines, de l’anxiété, des troubles de la vision floue et un avenir professionnel hypothéqué tant elle a été « choquée et traumatisée », selon son avocat Me Nicolas Gemsa.
Plaidant pour elle, mais plus généralement pour le personnel hospitalier « épuisé physiquement et moralement », le conseil a dénoncé une agression « symptomatique » et un dossier qui fait « écho à une actualité plus que brûlante ».
A la barre, Daphné, 27 ans, l’aide-soignante dont la collègue infirmière n’était pas partie civile ni présente à l’audience, a raconté : « C’était une nuit chargée, il y avait beaucoup de monde. Le monsieur était sagement sur un brancard ». Selon le protocole, elle a assisté sa collègue infirmière pour poser une perfusion. Comme il se débattait, « j’ai voulu l’attacher avec un lien souple de contention et il m’a donné un coup de poing au visage et à ma collègue un coup de pied », a-t-elle ajouté.
Après l’audience, elle a expliqué : « Là, maintenant, à cause de lui, j’angoisse et ce n’est pas excusable. C’est tous les soirs à l’hôpital qu’il y a des gens qui se droguent, qui boivent, des gens énervés avec l’attente, on n’en peut plus ». A 27 ans, elle envisage une reconversion comme secrétaire.
Davantage de rondes de nuit de la police municipale
Son agresseur âgé de 29 ans était à Nice depuis deux jours au moment des faits, et vivotait de spectacles de bulles de savon sur la Promenade des Anglais.
Le 5 août, il avait abusé de la bière et de la vodka, s’est fait voler son sac et ses chaussures, les pompiers l’ont retrouvé errant dans la rue et emmené à l’hôpital. Son avocat Julien Taddei a plaidé l’abolition du discernement, tout dénonçant lui aussi des faits « scandaleux ». Le CHU s’est vu allouer 1 euro symbolique de dommages et intérêt.
Depuis, il y a davantage de rondes de nuit de la police municipale mais le syndicat FO demande un policier national sur place. Avec 100.000 passages par an aux urgences, le CHU de Nice, dont l’activité a augmenté de 5 % à effectif constant depuis 2016, est le deuxième hôpital de France en termes de passage aux urgences.