ENQUETEL’intervention policière, des voisins… Salomé aurait-elle pu être sauvée ?

Féminicide de Cagnes-sur-Mer : L’intervention des policiers, des voisins… Salomé aurait-elle pu être sauvée ?

ENQUETEL’autopsie menée ce mercredi sur le corps de Salomé, tuée sur un parking vendredi, devrait permettre de répondre à cette question alors que l’IGPN a été saisie
Fabien Binacchi

Fabien Binacchi

L'essentiel

  • La justice tente de savoir si Salomé, dont le compagnon nie toujours être l’auteur du meurtre, aurait pu être sauvée par les policiers ou même les riverains.
  • L’autopsie de la jeune femme de 21 ans, menée ce mercredi, sera déterminante.
  • Des plaintes déposées par une ex-compagne du suspect du féminicide avaient été classées sans suite en 2016.

«L’autopsie va être déterminante pour répondre à cette question », posée par la procureure de la République de Grasse elle-même ce mercredi matin, alors qu’était mené l’examen médico-légal. Salomé, la jeune femme victime d’une agression mortelle dont le compagnon, depuis écroué, nie toujours être l’auteur, aurait-elle pu être sauvée ? La patrouille de police envoyée sur place ou même le voisinage auraient-ils pu changer les choses ?

« Nous avons décidé hier de saisir de l’IGPN [inspection générale de la police nationale], également en judiciaire, sur la vérification de l’existence du délit de non-assistance à personne en péril. Je n’ai aucune certitude à ce stade, a précisé Fabienne Atzori. Ce que je souhaite, c’est pouvoir vérifier les informations dont disposaient les fonctionnaires de police et savoir s’ils ont pris toutes les mesures adaptées pour répondre aux appels qui ont été portés à leur connaissance. »

« Les voisins seront à nouveau interrogés »

Police secours a ainsi reçu trois appels dans la nuit de vendredi à samedi, alors que la jeune femme de 21 ans était en train de se faire agresser sur un parking tout proche de la gare de Cagnes-sur-Mer. Des agents seraient intervenus une dizaine de minutes plus tard sans détecter le corps, finalement découvert le lendemain par un riverain.

« On entend dire que les policiers n’auraient pas eu de lampe. L’un d’entre eux dit que oui. Auraient-ils dû trouver le corps lors de leur premier passage à 2h01. Et s’ils l’avaient trouvée à ce moment, est-ce qu’on aurait pu sauver cette jeune Salomé ? L’autopsie le dira. Les éléments dont nous disposons à cette heure pourraient plutôt laisser penser qu’elle est décédée assez rapidement », a également indiqué la procureure.

Plusieurs témoins d’une « scène qui glace le sang », et notamment les personnes qui ont prévenu les secours ont déjà été questionnés. « Une fois que les policiers auront été entendus, les voisins seront à nouveau interrogés, a fait savoir Fabienne Atzori. Sont-ils allés au-devant des policiers ? Est-ce qu’ils auraient pu, de leur côté, porter secours à la victime, sans que leur propre vie ne soit menacée ? Autant de choses à vérifier. »

Les plaintes d’une ex-compagne classées sans suite en 2016

La prise en compte de certains antécédents aurait-elle également pu permettre d’éviter le pire. Interrogée sur les alertes d’une ex-compagne d’Amin, le principal suspect, la procureure a confirmé ce mercredi matin l’existence de deux plaintes classées sans suite en 2016. L’une pour une gifle et l’autre pour des actes de torture.

Le jeune homme aurait plongé cette ex-compagne à plusieurs reprises dans une baignoire, ligotée, pour lui faire avouer qu’elle le trompait. Les dépôts de plainte, intervenus plusieurs mois après les faits supposés, n’avaient alors pas permis de relever d’éventuelles preuves médico-légales.

La mort de Salomé, 100e femme morte sous les coups de son compagnon depuis le début de l’année en France selon des associations, a mobilisé plusieurs rassemblements cette semaine alors qu’un Grenelle contre les violences conjugales​ vient juste de s’ouvrir et doit durer jusqu’au 25 novembre.