L’ex-patron des renseignements entendu sur l’attentat de la rue des Rosiers

Attentat de la rue des Rosiers: L'ancien patron des renseignements auditionné

ENQUETEL’ancien patron aurait passé un accord avec les terroristes, prévoyant qu’ils ne commettent plus aucun attentat pour pouvoir rester en France, sans être inquiétés
20 Minutes avec AFP

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Après des déclarations sur le « marché non écrit » qu’il aurait noué avec le groupe palestinien auteur de l’attentat de la rue des Rosiers en 1982 à Paris, Yves Bonnet, l’ancien patron des renseignements français a été interrogé par la justice en janvier, ont annoncé des sources proches du dossier, ce vendredi.

Six personnes avaient été tuées et 22 blessées lors de cette attaque perpétrée à la grenade et aux pistolets-mitrailleurs contre le restaurant Jo Goldenberg, dans le quartier juif historique de la capitale, le 9 août 1982.

Un accord avec les terroristes ?

Selon ces sources, confirmant une information du Parisien, l’ancien patron de la Direction de la surveillance du territoire (DST), Yves Bonnet, a été interrogé le 30 janvier par le juge d’instruction à la demande des parties civiles. Yves Bonnet, 83 ans, avait en effet déclaré dans le documentaire « Histoire secrète de l’antiterrorisme », diffusé en novembre 2018 sur France 2, avoir envoyé ses hommes négocier avec des émissaires d’Abou Nidal, chef du groupe Fatah-Conseil révolutionnaire (Fatah-CR), une faction dissidente de l’OLP à laquelle l’attentat a été attribué.

Selon Yves Bonnet, l’accord prévoyait que le groupe s’engage à ne plus commettre d’attaque en France, en échange de quoi ses membres pourraient continuer à venir en France sans être inquiétés. L’existence d’un tel accord avec Abou Nidal, mort en 2002 en Syrie dans des conditions suspectes, ainsi que l’infiltration du groupe dans la foulée par un agent français, avaient été dévoilées en 2011 dans les carnets du général Philippe Rondot, figure des renseignements, fournissant la trame du film L’infiltré.

Les protagonistes « réfugiés derrière "le secret-défense" »

Selon Le Parisien, « le magistrat instructeur a également convoqué, les 6 et 14 février derniers, Jean-François Clair et Louis Caprioli, deux ex-responsables de la lutte antiterroriste à la DST ». « Mais tous deux se sont réfugiés derrière "le secret-défense" concernant l’accord », ajoute le quotidien.

Des proches des victimes entendent demander la levée du secret-défense, ont-elles indiqué vendredi lors d’une commémoration organisée pour la deuxième année consécutive sur les lieux de l’attaque par l’Association française des victimes du terrorisme (AFVT). Elles ont aussi réitéré leur appel aux autorités françaises à se mobiliser pour obtenir l’extradition de l’organisateur présumé et de trois membres possibles du commando, visés depuis 2015 par un mandat d’arrêt que la Jordanie, la Palestine et la Norvège n’ont pas exécuté à ce jour.