PROCÈSDu sursis pour les suiveurs de chasse à courre ayant violenté des militants

Ille-et-Vilaine: Prison avec sursis contre cinq participants à une chasse à courre accusés de violences contre des militants anti-chasse

PROCÈSLes prévenus ont aussi écopé d’une interdiction de chasse pour avoir notamment maintenu la tête d’une militante sous l’eau
Manuel Pavard

Manuel Pavard

L'essentiel

  • Le tribunal correctionnel de Rennes a condamné cinq participants à une chasse à courre à des peines de 6 à 10 mois de prison avec sursis pour des faits de violence commis contre deux militants anti-chasse le 2 février en forêt de Brocéliande.
  • Une militante du collectif Ava avait été poussée dans une marre et plongée la tête sous l’eau tandis que son collègue avait été frappé et victime d’un début d’étranglement.
  • Les cinq veneurs ont également écopé d’interdictions de chasse allant de 8 mois à un an.

Partisans de la chasse à courre d’un côté, activistes anti-chasse de l’autre. Deux semaines après le procès du 16 juillet, la salle d’audience a de nouveau été prise d’assaut ce jeudi. Le tribunal correctionnel de Rennes a rendu son jugement dans l’affaire des cinq participants à une chasse à courre poursuivis pour violence aggravée en réunion contre deux militants du collectif Ava (Abolissons la vénerie aujourd’hui) en février dernier, près de Paimpont (Ille-et-Vilaine).

Les cinq prévenus, quatre « suiveurs » – participants non armés qui suivent la chasse à courre – et un « piqueux » – le responsable de la meute de chien – âgés de 41 à 72 ans, ont été condamnés à des peines de 6 à 10 mois de prison avec sursis, assortis d’interdiction de chasse allant de 8 mois à un an. Ils devront également verser 2500 et 2800 euros de dommages et intérêts aux deux victimes.

Des ITT respectives de 30 et 15 jours

Le 2 février, Claire et Christophe s’étaient rendus en forêt de Brocéliande avec d’autres membres d’Ava pour protester contre une chasse à courre organisée par la société du Rallye Bretagne. Objectif : filmer cette pratique jugée « archaïque et barbare » pour en dénoncer « la cruauté ». Mais en chemin, les deux militants s’étaient retrouvés face aux cinq veneurs et la situation avait rapidement dégénéré.

La jeune femme avait été poussée dans une douve remplie d’eau avant d’être plongée la tête sous l’eau à plusieurs reprises, tandis que deux individus lui tenaient les bras en tentant d’arracher sa caméra GoPro sanglée autour du cou. Son collègue avait, lui, été plaqué au sol, frappé et serré à la gorge par trois autres « suiveurs ».

Des violences qui avaient valu à Claire et Christophe des ITT (incapacité totale de travail) de 30 et 15 jours. Lors de l’audience, les « suiveurs » avaient tous reconnu les faits mais en les minimisant, reportant la faute sur les militants « venus perturber la chasse ».

« Ils sont privés de leur activité sociale »

Si les peines prononcées sont légèrement inférieures aux réquisitions du parquet, qui avait demandé de 10 à 14 mois avec sursis, elles sont néanmoins jugées « disproportionnées » par Me André Raiffaud, l’avocat de la défense, qui a indiqué son intention de faire appel.

« Les magistrats n’ont rien compris, pour eux c’est juste une affaire de coups et blessures alors qu’on a vu le procès de la chasse à courre », souligne-t-il, rappelant que « la propriété privée est un droit inviolable et sacré » selon la constitution. L’avocat déplore surtout l’interdiction de chasse infligée à ses clients. « Ils sont privés de leur activité sociale et ça va encore plus les couper du monde », regrette-t-il.

« Calmer la violence des chasseurs et leur sentiment d’impunité »

Du côté des parties civiles, Claire est en revanche « plutôt soulagée que ces personnes aient été reconnues coupables ». Les veneurs « représentent un danger pour les animaux et pour les militants », affirme la jeune femme, qui estime que « l’interdiction de chasse est une bonne chose ».

« Cela va peut-être calmer la violence des chasseurs et leur sentiment d’impunité, espère-t-elle. Quand je suis en conflit avec quelqu’un, je ne vais pas chercher une batte de base-ball pour le frapper. Cette violence n’est pas acceptable. »