PROCESUne mère jugée pour un quintuple néonaticide

Alsace: Une mère jugée pour un quintuple néonaticide

PROCESLa quinquagénaire comparaîtra à partir de ce mardi devant la cour d’assises du Haut-Rhin. Elle risque la réclusion criminelle à perpétuité pour avoir donné la mort à cinq de ses nouveaux-nés.
Thibaut Gagnepain

Thibaut Gagnepain

Quatre cadavres de nouveau-nés dans des sacs-poubelle en pleine forêt… La macabre découverte remonte au 21 octobre 2003. C’est le début de l’affaire dite des « bébés de Galfingue », nom de cette commune du Haut-Rhin qui abrite le bois.

Pendant plus de treize ans, l’enquête va piétiner. Une ordonnance de non-lieu est même rendue en 2009. Jusqu’à un incroyable rebondissement. Une banale querelle de voisinage en septembre 2016 à Petit-Landau, à une vingtaine de kilomètres de Mulhouse. Ce jour-là, les gendarmes prélèvent les empreintes génétiques de ces voisins un peu trop violents. Et surprise, un profil correspond avec l’ADN prélevé sur une serviette hygiénique. Elle avait été retrouvée dans l’un des sacs-poubelles de la forêt de Galfingue…

« Je sais pourquoi vous venez »

Le 28 novembre 2017 au petit matin, Sylvie H. est interpellée à son domicile. « Je sais pourquoi vous venez », aurait dit aux militaires la quinquagénaire, jusque-là femme sans histoire. Cette mère de famille de trois enfants passe vite aux aveux. Un cinquième cadavre de nouveau-né est découvert chez elle, dans une glacière. Interrogé également, son mari est vite mis hors de cause : il n’était au courant de rien.

Sylvie H. a expliqué aux enquêteurs qu’elle dissimulait ses grossesses non-désirées. Les faits se seraient étalés sur une dizaine d’années, à partir de 1995. Elle accouchait dans ses toilettes la nuit puis étranglait ou étouffait les bébés. La raison ? La quinquagénaire n’a pas été capable d’expliquer son geste mais l’a regretté.

L’accusée, détenue depuis le 30 novembre à la maison d’arrêt des femmes, à Mulhouse, en dira peut-être plus à partir de ce mardi. Son procès pourrait durer jusqu’à vendredi devant la cour d’assises du Haut-Rhin, à Colmar. Elle devra répondre d’avoir volontairement donné la mort à cinq mineurs de moins de 15 ans qui étaient ses descendants en ligne directe.

« Sa place n’est pas en maison d’arrêt »

Quelle sera sa ligne de défense ? « Je ne sais jamais ce que je vais plaider avant d’avoir assisté à l’intégralité des débats », répond l’avocat de Sylvie H., maître Roland Moeglen. Le déni de grossesse devrait faire partie des discussions. Le professeur Israël Nisand, spécialiste du sujet qui avait déjà témoigné pendant le procès Courjault, interviendra. « C’est un dossier compliqué, reprend l’avocat de la défense. Ma cliente a eu une enfance difficile… Elle a maintenant 54 ans, il faut qu’on lui foute la paix, sa place n’est pas en maison d’arrêt. »

Du côté des parties civiles, on ne l’entend évidemment pas comme ça. « On ne peut pas parler de déni de grossesse, même partiel car l’accusée était consciente d’être enceinte », explique Maître Marylène Correia, qui représente l’association Enfance Majuscule. « Elle l’a dit pendant les auditions : "C’était un truc dans mon corps, je n’en voulais pas". Mon idée n’est pas de taper sur Sylvie H. mais elle aurait pu accoucher sous X. »

Le fils aîné de Sylvie H. s’est lui aussi porté civile. Des trois enfants du couple, seule la fille aînée rend encore visite à sa mère. Quant au père, il est décédé d’une grave maladie en août 2018.

Pour ces cinq néonaticides, Sylvie H. encourt la réclusion criminelle à perpétuité.